«Home», un regard sur l’asile

FacebookXBlueskyLinkedInEmail

MARJORIE : « Celui-là, il aimerait bien être assis sur cette chaise, hein ?
HARRY : Pardon ?
JACK : Pour ma part, je trouve curieux qu'ils nous fournissent si peu de confort. (…)
MARJORIE : Tout ça, c’est typique si vous voulez savoir c’q’je pense.
JACK : Typique ?
MARJORIE : Une table. Deux chaises … pour mille personnes.
KATHLEEN : Deux mille à c’q’on m’a dit.
MARJORIE : Deux mille. Mille pour cette chaise, et mille pour l’autre.
HARRY : Il y a bien sûr quelques bancs.
KATHLEEN : Leurs bancs ? J'en ai vu des plus beaux vendus pour faire du bois à brûler.
MARJORIE: Y vous laissent des marques sur les fesses.
KATHLEEN: Oooooooh. (Elle rit en se couvrant la bouche)
HARRY : Bien sûr, la solution serait d’apporter, disons, deux chaises de plus avec nous.
JACK : Ah oui. Ca serait une solution.
HARRY : Quatre chaises. Une chacun. Je ne pense pas que pour un après-midi on remarquerait leur absence de la salle de conférence. »

Dans un jardin, une arrière-cour, deux hommes parlent. Ils échangent de courtes phrases banales, très attentifs à ne rien dire de personnel. Puis ils quittent leurs chaises que viennent occuper deux femmes. C’est alors que les spectateurs comprennent qui ils sont et quelle est la nature du lieu où ils se trouvent. L'auteur dramatique David Storey reconstitue dans cette pièce le climat d'oppression et l'univers clos de la maison de santé psychiatrique dont ces personnages sont les pensionnaires. Un regard qui date des années de l'antipsychiatrie et de la mise en cause de l'hôpital. Carole Bouquet, Pierre Palmade, Gérard Desarthe, Valérie Karsenti et Vincent Deniard incarnent ses personnages fragiles et émouvants.

Home est à voir au Théâtre de l'Œuvre, 55 rue de Clichy, Paris 9.