Les personnes âgées dépendantes prennent en moyenne 6 à 8 médicamants par jour en 6 à 20 prises. En cas de troubles de la déglutition ou de troubles cognitifs, il est courant de les mélanger à l'alimentation. Or, ils peuvent avoir mauvais goût et conduire à un refus du repas, voire à des troubles graves comme la malnutrition ou l'anorexie. Si les professionnels disposent d'une liste de médicaments autorisés à être écrasés, il n'existait pas d'étude réalisée en gériatrie sur l'effet du goût des médicaments sur l'alimentation. Dans ce contexte, le CHU de Lille, l'Université Nice Sophia Antipolis et l'Institut du bien vieillir Korian ont lancé le protocole Médicaments écrasés dans les aliments (Mela) pour évaluer le goût des produits pharmaceutiques qui sont le plus prescrits en Etablissements d'hégergement pour personnes âgées (Ehpad).
Le protocole de recherche a permis d'évaluer le goût de 10 médicaments, écrasés et mélangés à de l'eau gélifiée et de la compote, à partir de tests réalisés en aveugle. Tous les participants ont évoqué des sensation désagréable, et noté ls différentes molécules. Les commentaires des goûteurs sont très clairs : « immangeable, insupportable, très mauvais, très désagréable, pas supportable, impossible à avaler … »
Si les chercheurs estiment qu'il n'est pas souhaitable d'établir une liste des médicaments « mauvais », le goût étant très variable d'un individu à l'autre, ils soulignent l'importance d'entendre la personne âgée qui signale que son médicament a mauvais goût et proposent des recommandations pour «limiter l'introduction de produits pharmaceutiques dans les plats». Lorsque le médicament écrasé est la seule solution, il faut l'écarser séparément, le mélanger dans des petites portions de nourriture, privilégier les aliments mous et sucrés, placer le mélange à la fin du repas ou encore agir sur la prescription. Le groupe Korian a décidé d'encourager dans ses établissements une certaine prise conscience relative au goût des médicaments via des outils de communication.