Pratique avancée en soins infirmiers : l’ordre sensibilise les parlementaires

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Le mercredi 24 juin, au Sénat, près de 120 participants se sont réunis à l’invitation de l’Ordre national des infirmiers (ONI) pour débattre de la pratique avancée en soins infirmiers. Déjà développée dans de nombreux pays avec succès, la France pourrait introduire cette pratique dans l'article 30 du projet de loi de modernisation du système de santé en cours d’examen au Sénat.

Rappelons que pour le Conseil internationnal des infirmières, une infirmière qui exerce en pratique avancée "est diplômée et a acquis des connaissances théoriques, le savoir faire nécessaire aux prises de décisions complexes, de même que des compétences cliniques indispensables à la pratique avancée de sa profession. Les caractéristiques de cette pratique avancée sont déterminées par le contexte dans lequel l'infirmière sera autorisée à exercer." Par ailleurs cette pratique avancée intègre recherche, formation et organisation, elle implique un haut degré d'autonomie professionnelle, repose sur le suivi individuel des patients, requiert des compétences élargies dans le domaine de l'évaluation clinique, du raisonnement diagnostic et de l'application du jugement clinique et implique la mise en oeuvre du processus de consultation et l'évaluation de projets. Cette pratique se distingue des pratiques habituelles et requiert un niveau master.

Ces activités s'organisent en deux fonctions :

– l'infirmière spécialiste clinique (ou clinicienne spécialisée) : expertise dans le champ clinique infirmier en direction des patients et de leurs proches mais aussi des équipes soignantes ;

– l'infirmière praticienne : développe elle aussi une expertise clinique infirmière mais intègre à sa pratiquecertaines activités supllémentaires relevant des compétences médicales. Elle met en ouvre des compétences d'évaluation clinique, de diagnostic de situation, de prescription ou de prise de décisions concernant l'orientation des patients. Son activité implique des modalités de supervision médicale.

Une étude menée par Marie-Laure Delamaire dans 12 pays de l'OCDE ayant choisi de mettre en place la pratique avancée infirmière montre que plusieurs facteurs ont influencé cette orientation : un accroissement des besoins de soins de la population (vieillissement, maladies chroniques…) ; une pénurie médicale ou une répartition inadéquate de l'offre de soins médicaux sur le territoire ; la volonté des infirmières d'améliorer leurs perspectives de carrière ; de contenir les dépenses de santé (soins primaires.

Le député socialiste du Rhône, Jean-Louis Touraine, rapporteur du projet de loi à l'Assemblée nationale et invité à une table rtonde, s'est dit très favorable à l'émergence de la pratique avancée car selon lui, de nouveaux métiers doivent voir le jour pour répondre à l'augmentation de la longévité et au développement des maladies chroniques. Pour le député, la pratique avancée est "déjà presque passée dans les mœurs mais il fallait que ce soit reconnu, c'est ce à quoi la loi se propose de répondre". Jean-Louis Touraine a ainsi cité l'exemple des coordinatrices de transplantation, notamment. Et d'ajouter : "On a déjà en Europe comme en Amérique du Nord la preuve que ces pratiques avancées sont devenues indispensables et bénéfiques, il faut les organiser."

Également présent à ce colloque, le président du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom), le Dr Patrick Bouet, ne s'est pas montré hostile à la pratique avancée. "Nous avons tous été pris dans un piège basé sur un terme : le transfert de compétences, a-t-il déclaré. Nous commençons à sortir de ce piège (…) pour comprendre qu'il ne s'agit pas de morceller nos métiers propres." Pour le président de l'Ordre des médecins, il reste à bien identifier "les contenus de nos métiers propres" ainsi que "les zones dans lesquelles nous pouvons valoriser de nouvelles compétences et coopérations au service du patient". Largement applaudi, le Dr Bouet a aussitôt ajouté : "Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, le médecin sera toujours le médecin."

Didier Borniche, président de l'ONI souligne que « la pratique avancée infirmière constitue une évolution importante dans laquelle nous mettons un grand espoir ». Reste qu'à terme elle ne devrait concerné que 1 à 3 % des profesionnels. Mais comme précise Lucie Tremblay, présidente de l'Odre des infirmiers et infirmières du Québec "Les infirmières de pratiques avancées sont celles qui anticipent, pensent et créent les futures pratiques".
 
Les actes de ce colloque seront publiés et peuvent d’ores et déjà être commandés sur simple demande auprès de l’Ordre national des infirmiers.