Attention aux «poppers» !

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Les poppers sont des préparations liquides très volatiles, contenant des nitrites conditionnés dans des flacons et destinés à être inhalés. Après avoir été interdits entre 2007 et 2011, ils sont à nouveau en vente libre depuis 2013. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) souhaite attirer l’attention des professionnels de santé sur les signes d’intoxication liés à l’utilisation des poppers qu’ils pourraient être amenés à identifier chez leurs patients.

Rappel sur les poppers et leur utilisation
Les poppers sont des nitrites se présentant sous forme de liquide jaunâtre, volatile à température ambiante. Ils sont conditionnés dans de petits flacons et se consomment par inhalation. Utilisés initialement dans le milieu homosexuel dans les années 1970, leur consommation s’est étendue et a fortement augmenté au sein d’une population plus jeune, dans un contexte d’usage collectif et récréatif, du fait notamment du partage aisé du flacon. L’action des poppers est liée à la libération de monoxyde d’azote dans l’organisme entraînant une relaxation des muscles lisses, une vasodilatation importante mais aussi une euphorie d’apparition rapide (15 secondes) et durant 5 à 10 minutes. Les consommateurs de poppers sont à la recherche d’effets psychoactifs (état d’ébriété, euphorie brève, désinhibition) ainsi que d’une amélioration des performances sexuelles pouvant conduire à des pratiques sexuelles à risque. La consommation de poppers est souvent associée à de l’alcool ou à d’autres substances psychoactives.

Cas d’exposition recueillis en France
Entre 1999 et mars 2011, 940 cas d’exposition aux poppers dont 817 symptomatiques ont été collectés en France, principalement par les réseaux de toxicovigilance (CAPTV[1]) et d’addictovigilance (CEIP[2]). Parmi ces cas symptomatiques, 146 étaient graves (méthémoglobinémie élevée, cyanose, troubles respiratoires et cardiaques, coma) et 6 ont conduit au décès. En outre, sur 883 cas d’exposition recueillis par le réseau de toxicovigilance sur la période 1999-2010, 34 cas d’atteintes oculaires se traduisant principalement par une baisse d’acuité visuelle ont été enregistrés. Depuis, de nouveaux cas graves d’intoxication et de décès ont été signalés aux différents réseaux de vigilance ainsi que des cas d’abus et de pharmacodépendance.
Un certain nombre de mesures d’interdiction concernant les poppers ont été prises par les autorités sanitaires depuis 1990. Cependant, bien qu’ayant reconnu les risques pour la santé liés à l’utilisation des poppers, le Conseil d’Etat a jugé ces mesures disproportionnées et les a annulées. Ainsi, les poppers sont à nouveau en vente libre depuis 2013.

Risques liés à la consommation de poppers
Dans ce contexte de remise en vente libre et compte tenu du fait que les effets des poppers sont souvent méconnus et sous-notifiés, l’ANSM souhaite attirer l’attention des professionnels de santé sur leurs risques s’ils sont amenés à prendre en charge des consommateurs de ces produits. Sont plus particulièrement concernés les médecins urgentistes, les ophtalmologues, les toxicologues ainsi que les professionnels travaillant dans les consultations jeunes consommateurs.
Les risques liés à la consommation de poppers identifiés par les réseaux existants sont les suivants :
– troubles cardiovasculaires : tachycardie, hypotension artérielle, malaise voire collapsus cardiovasculaire,
– atteintes oculaires telles que diminution de l’acuité visuelle, le plus souvent partiellement ou totalement régressive chez des utilisateurs chroniques ou naïfs de poppers,
– nausées, vomissements, flush transitoire, irritations cutanées du nez et des lèvres, céphalées ; une hypertension intracrânienne peut également survenir,
– troubles sanguins : hémolyse aiguë provoquant une insuffisance rénale aiguë et une acidose métabolique, hémolyse chronique en cas d’utilisation continue, ou méthémoglobinémie à l’origine d’une cyanose. A partir de taux plus élevés sont également retrouvés des signes d’hypoxie tissulaire pouvant entraîner dyspnée, douleur angineuse, convulsions, voire un coma,
– troubles psychiques : intrépidité, impulsivité, anxiété, épisodes dépressifs voire suicides, troubles cognitifs de l’apprentissage, de la mémoire et de l’attention, troubles obsessionnels et compulsifs,
– abus et pharmacodépendance.
Par ailleurs, en raison de leurs propriétés volatiles et de leur présentation en flacon, il n’est pas possible d’évaluer la relation dose-effet des poppers.