Les 8 et 9 octobre en Suisse ont eu lieu deux journées d’études sur la pratique des packs en psychiatrie, organisées conjointement par la Haute École de Santé-Vaud (HESAV), la Fondation de Nant et le Département de Psychiatrie et de Psychothérapie du Centre Hospitalier du Valais Romand (DPP-CHVR).
Lors de la première matinée, les Dr de Coulon (Suisse), Albernhe (France) et Silver (États-Unis) ont abordé la clinique du pack, tant d’un point de vue théorique à partir des travaux de Winnicott et de Woodbury, que d’un point de vue historique (l’hôpital de Chestnut Lodge aux États-Unis) et sociopolitique (contexte français). L’après-midi a été consacré aux résultats d’une étude exploratoire menée par l’équipe du Pr Skuza (HESAV) qui a posé les jalons d’un essai clinique randomisé contrôlé sur l’efficacité clinique des packs. Ces premiers travaux ont mis en évidence un potentiel d’association entre une cure de packs et une diminution voire un arrêt, dans près de la moitié des cas, des neuroleptiques et des tranquillisants. En particulier, la dose moyenne de Temesta® a baissé de 1,9 mg (office) à 1,1 mg et de 4,8 mg (réserve) à 3,5 mg entre cinq jours avant le soin de packs et cinq jours après (1). Ces résultats préliminaires sont encourageants notamment à la lumière d’une étude récente qui a mis en cause un usage régulier des benzodiazépines dans le risque de maladie d’Alzheimer.
Enfin, la part belle a été faite au point de vue des usagers, notamment avec une vidéo d’un patient qui a bénéficié d’une cure de près de deux cents packs. L’ethnologue J.?Dubois a également restitué les résultats de sept entretiens menés avec des patients.
La deuxième journée, quant à elle, était entièrement consacrée à la clinique. Ainsi, la Fondation de Nant et le DPP-CHVR ont présenté les concepts à la base de leur pratique respective des packs. Des ateliers d’échange des pratiques cliniques en petits groupes ont permis aux cliniciens de se faire packer selon les différentes techniques existantes. Le débat de clôture a permis de mettre en place un protocole commun aux deux institutions de soin en vue du futur essai clinique. A. Linder, HESAV
1– En Suisse, la médication « d'office » désigne le traitement médicamenteux habituel et celle « de réserve » le traitement médicamenteux non-obligatoire, mais que le patient peut demander à l'équipe soignante en cas de besoin (un jour où il est particulièrement angoissé par exemple, il prendra ses médicaments de réserve en plus de ses médicaments d'office).
- Les conférences seront disponibles prochainement en podcast : http://www.hesav.ch/recherche-et-developpement/