Des « consultations cocaïne » au sein de CSAPA

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Pour répondre à l’essor des usages de cocaïne, la MILDT et le ministère de la Santé ont financé la mise en place, à titre expérimental, de programmes ambulatoires de prise en charge des usagers de cocaïne au sein des Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), dans le cadre du Plan gouvernemental de lutte contre les drogues 2008-2011. Cette note de l'OFDT dresse un premier bilan de la mise en oeuvre des cinq programmes expérimentaux financés en 2010.

Les conditions de mise en place des « consultations cocaïne » se caractérisent par certaines disparités. Chaque structure s’est approprié les objectifs de l’appel d’offres en fonction de son public et de ses spécificités d’accueil. Ainsi, à Marseille, le montant de l’appel d’offres a permis d’identifier une cible prioritaire et d’individualiser l’offre destinée aux usagers de drogues précarisés. C’est aussi le cas à Bordeaux. Dans le Pays Basque, le financement a surtout servi de point d’appui pour diversifier l’offre. Enfin, à Paris, l’appel d’offres a permis d’approfondir la réflexion et le travail déjà menés autour de la prise en charge des usagers de cocaïne, en améliorant le repérage et le dépistage de complications particulières pour les patients accueillis à l’hôpital (par exemple les patients à risque d’infarctus ou présentant des manifestations psychotiques). Dans tous les cas, l’offre a rencontré une réelle demande, si l’on en juge par la hausse de la file active dès la première année d’expérimentation du dispositif. Le financement complémentaire a notamment permis, à travers une augmentation de personnels, de développer une disponibilité particulière à l’égard des usagers, si ce n’est cachés, au moins discrets, de cocaïne.

Le public reçu s’avère relativement homogène : une majorité de jeunes adultes, de sexe masculin, en situation précaire, usagers de drogues présentant un problème d’addiction à la cocaïne à titre secondaire, marqués par de fortes comorbidités psychiatriques, reçus en consultation à la demande d’un tiers. La population des usagers de cocaïne socialement favorisée est peu vue en consultation : ce constat appelle une politique d’affichage et de spécialisation de l’ offre pour répondre à la problématique des « usagers cachés » de cocaïne, décrits comme des usagers mono-dépendants et socialement insérés. Lerecrutement de nouveaux patients semble donc sélectif, même si les « consultations cocaïne » ont vu leur file active augmenter. Le dispositif atteint difficilement certaines catégories de la population.

D’une façon générale, les freins à l’attractivité tiennent à l’absence de demande spontanée chez les usagers de cocaïne éventuellement en situation d’abus, à leur crainte d’être stigmatisés comme « toxicomanes » et, une fois le premier contact établi, à la difficulté de retenir les patients dans le dispositif.Les professionnels interrogés s’accordent sur trois pistes d’amélioration de l’attractivité du dispositif :

– garantir des conditions d’accès spécifiques aux usagers de cocaïne (notamment en différenciant le lieu d’accueil des usagers de cocaïne de celui des autres usagers) ;

– diversifier les portes d’entrée dans le dispositif et afficher des indications ciblées et claires (par exemple, les femmes consommatrices de cocaïne, les usagers de médicaments psychotropes ou encore les jeunes) ;

– déployer et généraliser le dispositif, en améliorant la visibilité de la consultation cocaïne à l’échelon territorial, et laisser à cette nouvelle offre médico-sociale le temps de s’installer.

Les pratiques cliniques apparaissent elles aussi fort variées d’une structure à l’autre, surtout en matière de repérage. Les modes de prise en charge privilégient quant à eux les TCC (individuelles ou collectives) mais ils se heurtent à certaines ambiguïtés, en l’absence d’un cadre d’intervention validé par les institutions de santé et directement opérationnel. À cet égard, nombre de modèles efficaces de prise en charge (traitements médicamenteux, vouchers, pair-ému lation) gagneraient, selon les professionnels, à être promus par les autorités publiques de santé.

Leurs propositions pour améliorer le repérage et la prise en charge s’articulent autour de trois axes :

– faciliter la prescription de traitements médicamenteux de l’addiction à la cocaïne et, plus généralement, innover dans la prise en charge et diversifier les modes d’intervention ;

– faire émerger des professionnels spécialisés dans la prise en charge de l’addiction à la cocaïne, en particulier dans des zones sous-dotées en ressources médicales (par exemple en milieu rural) ;

– développer les relais de prise en charge enaval, notamment en matière d’hébergement.


Télécharger la note OFDT (40 p.) : http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eisxiou1.pdf