« L'internat est un tunnel noir… Nous sommes exploités par le système de santé français… Malgré ma passion, certains mois sont très difficiles. On soigne des êtres humains, pas des machines, on est des êtres humains, pas des automates… » Ces
témoignages d’internes émanent d’une grande enquête menée en 2012 par l’Inter syndical national des internes des hôpitaux (ISNIH) sur les pratiques de garde à l’hôpital. Plus de 6000 internes, de 54 spécialités (2/3 en CHU 1/3 en établissement périphérique), répartis sur l’ensemble du territoire, ont ainsi répondu à un questionnaire élaboré par l’ISNIH.
Sans grande surprise, les résultats interpellent. Un interne sur 5 ne bénéficie pas du repos de sécurité (11 heures à l’issue de chaque garde de nuit) et 85 % d’entre eux dépassent le temps de travail réglementaire (48 heures hebdomadaires ou 11 demijournées). Selon 90 % des internes la conséquence est une insuffisance de niveau de sécurité des soins. Ainsi 15 % des répondants avouent « avoir commis des erreurs de prescription, de diagnostic ou d’acte opératoire en lendemain de garde » et 39 % « estiment en avoir probablement réalisées ».
La chirurgie se distingue dangereusement puisque dans 75 % des cas, la législation sur le temps de repos n’est pas respectée. En psychiatrie, ce chiffre atteint les 8 %. Dans la majorité des cas, c’est l’insuffisance d’organisation du service qui provoque l’inapplication du repos de sécurité. Face à ces constats alarmants, l’ISNIH demande une application uniforme des textes réglementaires pour stopper les abus. Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, affiche soutien aux internes
en rappelant dans une circulaire aux directeurs généraux des Agences régionales de santé (ARS) les dispositions réglementaires sur le temps de travail des internes des établissements de santé.
- Internes en médecine : gardes, astreintes et temps de travail. ISNIH, 2012. À télécharger sur www.isnih.com