Le travail social est avant tout une activité relationnelle ordinaire que l’on réalise tous, de manière quotidienne. Mais ce terme générique désigne également un ensemble de métiers liés au secteur social. Ces travailleurs sociaux se retrouvent depuis quelques années confrontés à de multiples transformations de leurs missions, fonctions notamment liées aux développements des logiques d’expertises sociales. Les mots changent, les pratiques se transforment : des discours prescriptifs et normatifs aux logiques comportementalistes. Ces changements induisent de la souffrance chez les travailleurs sociaux et les personnes prises en charge par ces institutions.
Malgré ces constats, les travailleurs continuent de développer au quotidien un véritable « art de l’ordinaire » au sens d’un partage d’expériences sensibles. Ces dispositions, attitudes verbales et/ou non verbales, gestes diffus quasi invisible participe pourtant d’une résistance à ces logiques managériales du fait notamment qu’ils restent difficilement contrôlables. L’évaluation de ces actes informels est quasiment impossible. Ces dons du rien paraissent tellement banals que les travailleurs sociaux ne les perçoivent quasiment plus. « L’art de l’ordinaire » est donc composé de formes multiples de microtraces d’hospitalité épars qui peuvent contribuer à la reconnaissance de l’individu. C’est en cela que cet « art de l’ordinaire » peut devenir un outil théorico-pratique au potentiel politique.
- Le travail social ou «l'art de l'ordinaire» David Puaud, Fédération Wallonie-Bruxelles de Belgique, 2012, 34 pages. Téléchargeable gratuitement sur le site de Yapaka.