L’informel dans les soins infirmiers en psychiatrie reste un thème incontournable qui s’exprime dans l’écart important entre activité réelle et saisie d’activité, entre soins programmés et actions non programmées. Ces zones discrètes d’activités informelles peuvent représenter jusqu’à 50 % du temps « non identifié », particulièrement en hospitalisation temps plein. Mais comment mettre en évidence ce soin psychique difficile à voir, à percevoir et à
concevoir, alors même qu’il est l’essence des soins infirmiers en psychiatrie ?
Une recherche en soins infirmiers a donc été réalisée pour identifier, nommer, qualifier et surtout caractériser les fonctions* de l’informel dans le soin infirmier en psychiatrie, objectiver les savoir-faire mobilisés, mais aussi leurs impacts et leurs spécificités, et affirmer la nécessité d’asseoir ces pratiques en attente d’expertises sur des données basées sur des preuves. Ces objectifs sont mobilisés sur trois niveaux d’investigations : en direction
du patient, du professionnel et de l’équipe. L’approche a été une caractérisation par fonction qui permet de répondre à la question : « À quoi cette action sert-elle? ». Les résultats de cette recherche se présentent sous trois aspects : le cœur de la recherche avec la caractérisation de 139 fonctions en lien avec ces pratiques informelles, puis l’approche quantitative de ces données (variable de lieux, de temps, de sites, d’unités, d’attributions de fonctions…) et enfin la mise à jour de caractéristiques communes à tous les sites investigués.
Cette recherche en soins infirmiers, portée par deux infirmiers, Sophie Tchukriel (CH le Vinatier) et Jean-Paul Lanquetin (CH de St Cyr au Mont d’Or) constitués en Groupe de recherche en soins infirmiers (GRSI), est actuellement en cours de restitution. La synthèse de ce travail sera prochainement publiée dans Santé mentale.
* La fonction dépasse les logiques métiers, elle permet une approche transversale qui va au-delà de l’acte en permettant d’explorer les aspects périphériques à l’acte de soins. Elle permet d’introduire, à partir de l’action et du geste, un processus dynamique psychique qui met en lien les deux aspects des réalités de travail, l’action et la réflexion
- Impact de l’informel dans le travail infirmier en psychiatrie, J.-P Lanquetin et S. Tchukriel, février 2012 – GRSI – grsi@ch-st-cyr69.fr
