L’institut national d’excellence en santé et en services sociaux du Québec (INESSS), ancien Conseil du médicament, s’est penché sur l’usage des antipsychotiques (AP) dans la population québécoise. Cette étude très documentée est divisée en trois volets : l’usage concomitant des antipsychotiques en général (volet 1), chez les enfants et les adolescents (volet 2) et enfin chez les adultes et les personnes âgées (volet 3).
- Le premier volet constate que pour les patients atteints de schizophrénie ou d’autres psychoses qui présentent une réponse incomplète au traitement en monothérapie, certains cliniciens sont tentés de croire qu’une utilisation simultanée de plus d’un AP constitue une option intéressante. Néanmoins, très peu d’études randomisées et à double insu appuient l’efficacité et l’innocuité de l’usage de la polythérapie antipsychotique. Pourtant, cette pratique semble relativement fréquente au Québec et dans plusieurs pays. Des études supplémentaires en vue de documenter les bénéfices et les risques sont donc nécessaires pour aider les cliniciens à prendre les décisions qui s’imposent pour les patients jugés réfractaires à la monothérapie.
- Le second volet détermine la prévalence d’usage des AP en mono et polythérapie et décrit les AP utilisés selon les groupes de psychopathologies chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. L’étude constate que malgré le manque d’indications officielles sur l’usage en pédiatrie des AP, et particulièrement des antipsychotiques atypiques, ces médicaments sont néanmoins prescrits, dans plusieurs situations cliniques. La prescription de combinaisons de plus d’un antipsychotique à des personnes de 18 ans ou moins et à de jeunes adultes pour de longues périodes, sans que ces combinaisons ne soient appuyées par des données probantes, est préoccupante et souligne la nécessité d’établir des lignes directrices d’usage des AP chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes.
- Le troisième et dernier volet précise la prévalence et les proportions de l’usage de tous les types de thérapies AP chez les 25 ans ou plus, et décrit l’usage des AP chez les 65 ans ou plus selon les groupes de psychopathologies, avec une analyse plus soutenue chez ceux porteurs d’un diagnostic de démence. La prévalence de l’usage d’AP a connu une croissance élevée de 2006 à 2009 et elle a augmenté davantage chez les 25 à 64 ans que chez les aînés. Malgré le manque d’indication officielle sur l’usage des AP en gériatrie, et surtout des atypiques, ces médicaments sont prescrits au Québec pour traiter plusieurs psychopathologies. La prévalence d’usage des AP chez les aînés avec un diagnostic de démence a augmenté malgré les avis concernant le risque accru de mortalité et d’événements vasculaires cérébraux associés à l’usage des AP atypiques. Ce constat est préoccupant et souligne la nécessité d’établir des lignes directrices concernant l’utilisation des AP chez les aînés, surtout pour ceux avec un diagnostic de démence.
Références : Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Étude sur l’usage concomitant des antipsychotiques, Volet I (mai 2009) et Volet II (janvier 2011) – Personnes âgées de 25 ans ou plus, principalement celles de 65 ans ou plus avec un diagnostic de démence, Volet III (mai 2012). Téléchargeables sur www.inesss.qc.ca (section publications).