Lors de l’assemblée plénière du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) du 24 février dernier, Jean-René Buisson, au nom de la section des Affaires sociales, a présenté un avis intitulé « La pédopsychiatrie : prévention et prise en charge ». Huit mois de travaux, une vingtaine d’auditions auront été nécessaires au groupe de travail pour répondre à trois questions : comment mieux connaître et détecter les troubles précocement ? Comment organiser la prise en charge et coordonner les différentes
structures et les acteurs ? Comment intégrer les jeunes concernés dans la structure la plus adaptée ? Le rapport souligne en préambule que « le dépistage des maladies mentales est tardif en France. De plus, un bilan complet des pathologies pédiatriques peut nécessiter un délai très long (1 an, voire 1,5 an). De fait, une partie d’entre eux sera traitée par le service des urgences pour des troubles plus graves que ceux ayant motivé la première consultation. La difficulté à assurer la continuité et une fréquence suffisante des soins est un des problèmes majeurs de la pédopsychiatrie ».
• Les propositions de Jean-René Buisson insistent donc d’emblée sur la prévention à travers un repérage précoce. Il souligne la nécessité de « sensibiliser l’ensemble des acteurs de la chaîne de santé en renforçant l’enseignement de la pédopsychiatrie dans les programmes des études médicales » mais aussi en « inscrivant le repérage des troubles dans le cahier des charges de la formation initiale et continue des maîtres » et en revalorisant la fonction de médecin de l’Éducation nationale, « acteur de la politique de santé », tout en prenant mieux en compte la spécificité de l’adolescence.
• Autre axe d‘amélioration, mieux définir et organiser l’offre de soins. Il est ainsi préconisé de « penser l’offre en termes de réseaux afin de garantir la continuité des soins » (remboursement sous certaines conditions des actes de professionnels capables d’intervenir en amont d’un bilan – psychologues, psychomotriciens…-, polyvalence entre les différentes approches psychiatriques, reconnaissance financière des tâches de coordination…) mais aussi de travailler sur l’avenir « en réservant un nombre suffisant de postes de pédopsychiatres à l’internat ».
• Enfin, les familles « doivent être mieux accompagnées » (intégration scolaire des jeunes souffrant de handicap ou de troubles psychiques dans le projet d’établissement, travail sur la déstigmatisation, reconnaissance et valorisation du statut d’Auxiliaire de Vie Sociale. Pour dédramatiser l’accès aux Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH), Jean-René Buisson envisage par ailleurs « un changement de dénomination ». Le CESE adoptant cet avis à l’unanimité, mise quant à lui « sur l’appui des Agences Régionales de Santé (ARS) pour améliorer l’accès au dépistage et aux soins en pédopsychiatrie », espérant ainsi qu’elles seront « un élément de relatif équilibre du dispositif dans ce domaine ». Dans le même temps, le Syndicat National des Pédiatres Français (SNPF) et l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa) réclame une revalorisation de l’acte clinique afin d’améliorer le dépistage des troubles psychiatriques chez l’enfant, soulignant que « cette consultation longue et nécessitant une expertise spécifique n’est pas rémunérée à sa juste valeur ».
■ « La pédopsychiatrie : prévention et prise en charge », avis présenté au nom de la section des affaires sociales par Jean-René Buisson, rapporteur, Conseil Économique, Social et Environnemental, 10 février 2010 ; www.conseil-économique-et-social.fr