Politiques publiques et santé mentale

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Le Centre d’Analyse Stratégique porte un regard « élargi » sur la santé mentale, soulignant le rôle clé des acteurs non sanitaires et de l’ensemble du gouvernement.

Le rapport « La santé mentale, l’affaire de tous », élaboré par le Centre d’Analyse Stratégique (CAS) avec un groupe d’experts présidé par Viviane Kovess-Masféty, psychiatre-épidémiologiste (1), a été remis à la secrétaire d’Etat chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique Nathalie Ko sciusko-Morizet, le 17 novembre 2009. La démarche interroge et la secrétaire d’Etat précise : « si le CAS n’a pas vocation première à parler de santé mentale, la promotion de la santé mentale doit se faire néanmoins en dehors de l’espace sanitaire. L’idée de ce rapport est de servir de courroie de transmission entre les scientifiques et les décideurs de tous bords. (…) Nous souhaitons ouvrir un débat et je vais transmettre ce rapport à chacun de mes collègues du gouvernement en attirant leur attention sur les parties qui les concernent, Laurent Wauquiez pour l’emploi, Martin Hirsch pour l’exclusion, Xavier Darcos pour le travail et la famille. Promouvoir la santé mentale dans la société paraît une évidence ». Alors qu’aujourd’hui plusieurs tendances de fond convergent vers une même considération : une vie réussie impliquerait une bonne santé mentale, les rapporteurs ont donc été chargés de se pencher sur les pathologies dites « de la modernité » (stress, dépression, anxiété, addictions) mais aussi sur le contexte actuel de crise (précarisation, perte d’emploi…) et la santé mentale « positive » (état de bien-être et de satisfaction, capacité à faire face, sentiment de réalisation de soi), distinctement de la maladie mentale et du handicap mental et psychique.
Le rapport ne comprend, certes, aucune proposition réellement nouvelle, mais il rappelle, au-delà du Plan Santé mentale 2005-2008, les grandes orientations à privilégier et notamment celle d’intégrer dans les politiques publiques la prise en compte du facteur « santé mentale ». Les rapporteurs insistent en effet sur le fait que « la recomposition de l’économie, des modes de vie et des aspirations exige des acteurs – publics comme privés – une réponse plus articulée aux questions de santé mentale et de bien-être ».
Cette préoccupation n’exige pas forcément un surcroît de dépenses publiques mais plutôt  « une actualisation des possibilités d’action des différents acteurs (autorités locales, employeurs, managers, enseignants, associations, particuliers…) ». Le CAS formule donc une série de recommandations pour faire « rapidement évoluer des approches de la santé mentale encore trop réactives, fragmentées ou sectorielles, strictement sanitaires ou médico-sociales ». Dans cet esprit, Nathalie Kosciusko-Morizet a souligné que « l’idée de la création d’une “mission interministérielle sur la santé mentale” devrait faire son chemin ». Un rapport qui sonne donc comme une première étape.

1- Directrice du département d’épidémiologie de l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP).

• « La santé mentale, l’affaire de tous. Pour une approche cohérente de la qualité de vie », Centre d’Analyse Stratégique (CAS) 17 novembre 2009 ; consultable sur www.strategie.gouv.fr <http://www.strategie.gouv.fr>