Des psychiatres en burn out

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Selon une enquête réalisée à l'occasion du congrès de l'Encéphale le 24 janvier, et relayée par Hospimedia, près de la moitié des psychiatres souffriraient d'un burn out ou seraient vulnérables à un épuisement professionnel. Parmi les facteurs aggravants apparaît le fait d'être une femme, d'être jeune et de travailler à l'hôpital.

L'enquête, présentée par Philippe Nuss, psychiatre à l'Hôpital Saint-Antoine (AP-HP), a reccueilli en ligne 820 questionnaires exploitables, dont 683 de psychiatres exerçant en France. Le questionnaire portait notamment sur trois types d'épuisement : personnel, professionnel, dans le relationnel avec les patients, pour former un score d'épuisement global.

Dans la population étudiée, P. Nuss indique que 14% et 12% des psychiatres présentent respectivement les critères d'un burn out personnel et professionnel (P/P) et 4% un burn out « global », selon Hospimedia. On observe très peu (2%) de sujets en burn out dans la dimension de la relation aux patients. mais « près de la moitié des collègues souffrent de burn out ou sont vulnérables »sur les dimensions personnelles et professionnelles. Les femmes sont significativement plus nombreuses que les hommes pour le burn out personnel (59% contre 41%). Et l'on observe des critères de vulnérabilité et de burn out P/P dès le début de l'exercice professionnel. Dans la population sujette ou vulnérable à cet épuisement, 7% sont des internes, 25% exercent dans les cinq ans qui suivent l'internat et 35% depuis plus de vingt ans après l'internat. L'enquête montre de hauts niveaux de fatigue, avec 66% des répondants qui se disent « souvent ou presque tout le temps fatigués » et 39% qui se sentent épuisés émotionnellement. « Un psychiatre sur trois dit ne plus en pouvoir et ne pas savoir combien de temps il tiendra encore, enfin 21% jugent l’ambiance de travail dans leur équipe mauvaise ou très mauvaise ». L’analyse du profil type du psychiatre en burn out est le suivant : « jeune, de sexe féminin, travaille à l’hôpital public, fortement impliqué émotionnellement dans son activité, débordé par les tâches administratives et le manque de reconnaissance ». Le sentiment d'épuisement provient « d’une charge de travail excessive, associée à de mauvaises relations avec les directions hospitalières, et à cette logique délétère de rentabilité inadaptée au soin et encore moins au soin psychiatrique ».

Pour les chercheurs, « la fatigue globale des psychiatres est avant tout expliquée par la dimension de frustration (profil ayant un idéal professionnel élevé, s’attendant à une reconnaissance des patients et ayant une forte ambition thérapeutique dans le soin porté aux patients difficiles) ».