octobre 2017

Mary Barnes, un voyage à travers la folie

Auteur(s) : Mary Barnes, Joseph Berke
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« Une grande partie de mon être était tordue, enfouie, enroulée sur elle-même, comme un écheveau de laine emmêlé dont on a perdu le bout. » Ainsi débute le récit de voyage de Mary Barnes, qui constitue un des premiers témoignages rédigé par une patiente réputée schizophrène. Aurait-il connu le succès qui fut le sien s’il n’avait été, en quelque sorte, le parangon de la philosophie de soin antipsychiatrique ? Aurait-il même été publié ?

Il n’en constitue pas moins une remarquable description du voyage intérieur d’une personne qui sombre dans ce que l’on nomme habituellement folie. Il est possible de suivre les étapes de son rétablissement à un moment où celles-ci n’avaient pas encore été décrites. Peut-on pour autant parler de « savoir expérientiel » ? Au lecteur de s’en faire une idée.   

Mary Barnes (1923-2001), infirmière puis enseignante en soins infirmiers, présentait au début de sa vie un équilibre considéré comme satisfaisant. Elle avait deux sœurs et un frère cadet, Peter, qui fut traité très tôt pour schizophrénie. Infirmière dans l’armée britannique en Afrique, elle subit de nombreux moments « dépressifs » au cours de sa carrière. Elle tenta de maîtriser ces accès par de multiples activités. Elle connut même une expérience mystique en se convertissant au catholicisme et en envisageant d’entrer dans un couvent de carmélites. Malgré toutes ses tentatives pour maintenir une certaine « normalité », elle fut hospitalisée en psychiatrie où elle connut les traitements habituellement réservés aux personnes souffrant de schizophrénie (largactil, électrochoc, cure de Sakel), en vain. Elle avait 42 ans. Se sentant de plus en plus mal, elle chercha son salut dans la psychanalyse, jusqu’au moment où elle rencontra l’antipsychiatre Ronald D. Laing. Au cours du voyage qui fait l’objet de ce livre, elle découvrit la peinture qui lui permettra, une fois revenu au port de réaliser de nombreuses expositions, d’écrire des ouvrages, des poèmes. L’ouvrage est le récit de ses cinq ans de régression.

Joseph Berke, psychiatre américain, psychothérapeute, arrive à Londres en 1965 afin de travailler avec Laing dont il partage les conceptions. Il devient résident à Kingsley Hall, la maison qui va accueillir Mary Barnes (et bien d’autres) tout au long de sa régression. (…) Il est le thérapeute de Mary Barnes…

Une lecture de D. Friard 

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  • Mary Barnes, un voyage à travers la folie. Mary Barnes/Joseph Berke. Paris, Seuil, 1973.