Aujourd’hui, la violence dans les soins défraye la chronique et se pose comme un enjeu institutionnel majeur. Il en va de la qualité des soins comme de la santé des soignants. Civiliser la violence revient donc en premier lieu à réaffirmer le cadrage institutionnel, puis à chercher la place de chacun dans la maîtrise des désordres. Mais à l’engagement personnel doit répondre l’engagement des référents, pairs ou responsables.
Violences à l'hôpital
Au sommaire de ce dossier
Faut-il s’accompagner des violences à l’hôpital?
Civiliser la violence reste possible à l’hôpital psychiatrique, en dépit de
la vulnérabilité accrue du corps infirmier. Il est nécessaire pour cela de réaffirmer le cadrage institutionnel et la cohérence de la solidarité du groupe
soignant.
Ruptures
Entretien avec Marie-Hélène Poyet, infirmière de secteur psychiatrique
à l’hôpital Saint-Jean de Bonnefonds, dans la Loire, et membre de l’équipe de
Geneviève Psomas, victime d’une agression mortelle pendant son service le 3 juillet dernier (lire “Santé mentale” n°40, pp. 8-9). Elle s’exprime
au nom de ses collègues infirmiers, qui ont souhaité trouver un espace
pour parler de leur souffrance et du sentiment d’abandon qu’ils éprouvent
aujourd’hui.
Une réponse structurante à la violence
Lorsque les soignants arrivent à se préserver face aux comportements violents des patients, ils favorisent par contrecoup chez ceux-ci l’établissement de liens plus différenciés passant par la reconnaissance de l’objet externe. Une position souple qui nécessite que les conduites d’auto-conservation des soignants soient acceptées et comprises par l’institution.
Evaluer pour prévenir
La toute récente mise en place d’un groupe de travail sur la violence
à l’hôpital par la Direction des hôpitaux (voir encadré) montre que les temps ne sont plus aux seuls travaux d’épidémiologie d’alarme. Déjà, dans plusieurs pays, des recherches actions réalisées avec les soignants aident à mieux comprendre
les stratégies concrètes d’intervention à mettre en place.
La spirale de la violence
La déconsidération de l’autorité du chef, la fin d’un modèle institutionnel capable de faire barrage au déferlement pulsionnel laissent les soignants
sans protection face à la violence. À l’institution de proposer un traitement médiatisé de celle-ci.
Régulations
Un travail de régulation avec les équipes soignantes permet d’apporter une réponse cadrante, structurante à la violence des patients.
L’institution malade
Entrien avec Charles Rojzman, créateur d’une méthode de “thérapie sociale“,
qui conduit depuis dix ans des actions de “formation“ visant à instaurer du lien
social. Notamment dans des services publics et des banlieues dites difficiles, où la violence se nourrit de la haine et du racisme entretenus par le fonctionnement même detes institutions.(1)
Soigner en unité fermée
En favorisant la dispersion de la relation sur l’ensemble de l’équipe, les soignants d’une unité fermée accèdent plus facilement au monde interne des patients.
L’invisible travail des infirmières
Dans les activités féminines, et en particulier celles qui ont trait au soin, on
ne peut pas répondre à la violence par la violence, mais en faisant en sorte de
désamorcer celle-ci, au besoin par la ruse. Un travail qui ne se voit que lorsqu’il est mis en échec (1).
Besoin d’hommes
Lorsque le besoin de contention physique des patients s’impose comme
une nécessité, il n’est bien souvent plus question de soin mais de muscles.
Révolte d’un infirmier.