PALERME
Dans le Séminaire L’envers de la psychanalyse, le 11 février 1970, J. Lacan dit qu’une telle intrusion ne peut se faire qu’à reconnaître qu’il n’y a de discours, et pas seulement analytique, de discours que de la jouissance.
Dans la perspective d’un travail sur la vérité, en partant de sa propre question, (comment est-ce qu’on dit, en grec, le « sexe ») Lacan, en passant sur les mots grecs genos et fusis, avait trouvé ce jour là, que sexe c’est sexus et qu’en somme… ça se rattache, mais très nettement, à « secare». Dans le sexus latin, il y a impliqué… que c’est autour du phallus que tout le jeu tourne… Car bien entendu, il n’y a pas que le phallus dans les « relations » sexuelles. Seulement, ce qu’il a de privilégié, cet organe, c’est qu’on peut, en quelque sorte, isoler sa jouissance. Il est pensable comme « exclu »…
La question est d’articuler ça, ce qu’il en est de cette exclusion phallique dans le grand jeu humain de notre tradition, qui est celui du désir… tradition qui le pose pour ce qu’il est, l’« Éros », la présentification du manque.
Que ce qu’on appelle chez l’homme la première poussée sexuelle… ça puisse impliquer en effet les jeux de la jouissance, il n’en reste pas moins que ce qui va introduire la « section » entre libido et nature eh bien ce n’est pas seulement l’auto-érotisme organique…
Par contre la faveur trouvée, en fonction de discours… il ne s’agit pas seulement de parler des interdits, mais simplement d’une dominance de la femme en tant que mère, et mère qui dit, mère à qui l’on demande, mère qui ordonne, qui institue du même coup cette dépendance du petit homme. La femme donne à la jouissance d’oser le masque de la répétition. La femme se présente en ce qu’elle fait, comme ça, institution de la mascarade, elle apprend à son petit à parader. Elle porte vers le plus-de-jouir parce qu’elle plonge ses racines, elle, la femme, dans la jouissance elle-même.
Les moyens de la jouissance sont ouverts, au principe de ceci qu’il ait renoncé à la jouissance close et étrangère à la mère. C’est là, à quoi doit venir s’insérer la vaste connivence sociale qui inverse ce que nous pouvons appeler au naturel différence des sexes en « sexualisation de la différence organique ».
Ce renversement implique le commun dénominateur de l’exclusion de l’organe spécifiquement mâle.
Le mâle dès lors est, et n’est pas ce qu’il est au regard de la jouissance. Et, de là aussi, la femme se produit comme objet, justement de n’être pas ce qu’il est d’une part – différence sexuelle – et d’autre part d’être ce à quoi il renonce comme jouissance.
Dans cette économie politique de la jouissance, le commun dénominateur de l’exclusion de l’organe spécifiquement mâle, est donné comme élément de structure, commun pour l’homme et la femme, qui doit orienter la logique sexuelle de n’importe quel couple humain.
C’est ainsi que, grâce à la transmutation simultanée de l’organe dans la lettre, chaque pratique de l’inconscient peut être ramenée à un jeu littéral de chiffrage, exercice où la jouissance premièrement exclue retourne dans l’invention de l’écrit, comme un nouveau savoir ; c’est dans ce sans que l’inconscient est la politique.
Rens. : luigi.burzotta@live.it , https://fep-lapsychanalyse.org