02 Octobre 2020 - Brest

(Se) faire mal. De quoi, à l’adolescence, le harcèlement est-il le nom ?

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BREST

14e Journée d'études et de formation de l'Association Parentel

« Je suis harcelé/e »… La plainte pour « harcèlement » est devenue ordinaire, banale. Elle envahit, de manière itérative, le champ clinique de la demande d’aide que les adolescents adressent à PASAJ et ailleurs. Les adolescents d’aujourd’hui se saisissent du signifiant que le discours ambiant leur propose pour dire quelque chose de la difficulté d’être en relation avec leurs pairs. Mais la difficulté n’est-elle pas inhérente à l’entrée en relation à l’âge où l’acte l’emporte sur la parole, les émotions sur la raison, la pulsion sur la sublimation ? Les adolescents ne souffriraient-ils en fait pas de ce que l’autre, dans sa différence, dérange, menace, voire persécute ? Moqueries, brimades, insultes, voire pire… le quotidien des adolescents entre eux n’est pas un long fleuve tranquille. Jusqu’au drame, parfois !

Du côté de celui ou celle qui les adresse comme du côté de celui ou celle qui les reçoit, les violences – sporadiques ou répétées – objectent à l’idéal de solidarité, de fraternité où tout simplement de respect de l’autre dont on attend que le lien social entre pairs soit le lieu. Or il n’en est rien ! La violence imprègne un nouveau rapport à l’autre que la puberté vient mettre en tension. Néanmoins le harcèlement relève d’une lecture qui tente d’identifier un fait social : fixité d’une modalité de relation, violence mise en acte, seul ou en groupe, à l’égard d’un autre, de manière répétitive, etc. Mais le fait social, fût-il caractérisé, ne dit rien des enjeux subjectifs et relationnels qui unissent et séparent les protagonistes.
Trop rapidement qualifié de « harcèlement scolaire » ou « cyber-harcèlement », ne prenant en cela en compte que le lieu où il se met en scène, ce lien féroce qui unit un (ou plusieurs) auteur(s) et une victime, tous jeunes, mérite que l’on s’y arrête pour en analyser et en comprendre les significations profondes de sorte, autant que possible, d’en contenir sinon en prévenir la destructivité. Quelques questions s’ensuivent : qu’est-ce qui conduit à (vouloir) faire mal à un autre ? Et à consentir à se faire mal ? Où s’originent de telles dispositions ? Disent-elles quelque chose de l’adolescence ? D’une fragilité du narcissisme ? D’une histoire familiale elle-même chaotique générant la répétition d’un mode d’être en relation sur le registre de la violence ? Renseignent-elles sur un certain état du lien social contemporain dont les adolescents seraient, à leur corps défendant, les révélateurs ?

Il s’agit donc de déconstruire le signifiant « harcèlement » pour essayer de comprendre ce qui se joue de singulier dans cette rencontre malheureuse, de part et d’autre, tant du côté du « bourreau » – qui n’est pas que bourreau – que de la « victime » – qui n’est pas que victime.
Le profit tiré d’une telle réflexion est à attendre du côté de l’accompagnement de la violence, agie et subie, de ces mouvements pulsionnels et relationnels entre pairs à l’adolescence de sorte d’y entendre le message qu’ils véhiculent – entre provocation et appel à l’aide – et de contribuer à initier les prétendants à l’âge adulte à des relations à soi et à l’autre plus paisibles. Autant que faire se peut.

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