14-15 février 2019 - Paris

Habiter l’exil ; penser les lieux à partir des processus de création

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PARIS

Premier volet du colloque organisé par l'association Pandora

Habiter l’exil, c’est habiter un lieu hors de chez soi et qui déplace le sujet vers un ailleurs, c’est un lieu étrange, peu familier, passager ou non. C’est cet état d’être ailleurs et non « chez soi » qui peut susciter le « mal du pays », la nostalgie voire un mal être qui projette alors le sujet dans la mélancolie. Expulsé de sa langue et de sa Heimat, cet état peut être dramatique mais aussi créatif voire les deux ; expulsé de chez soi, peut-on être créatif ailleurs ?

Ce lieu de l’exil peut être un lieu de rencontres culturelles fécond, entre le départ et la pensée du retour, entre ici et là-bas où la tension psychique incite au travail d’écriture. De quelle temporalité psychique est-il question dans ce déplacement exilique ? Le « chez soi » n’allant pas de soi, l’exilé est à la recherche d’un « juste soi » dans un pays dit d’accueil avec lequel il faut se familiariser. Distinguons les exils contraints pour des questions politiques, des exils choisis mais encore cette situation propre à chaque sujet, d’être aussi chez soi en exil. L’exil est alors métaphore de la condition du sujet au croisement des cultures, des traditions, des langues et des histoires familiales qui le structurent.

L’exil est souvent vécu comme un traumatisme durable. La création, musicale, poétique, sont parfois le seul moyen d’expression et de survie pour les sujets qui en sont affectés. Ce désir de création est une nécessité qui joue le rôle d’historicisation du passé mais aussi de révélation du tragique. Les créations sont toujours des traces et des témoignages d’une époque, laissées par les contemporains. Ils révèlent les mécanismes de pensée d’une société, ses mœurs, les représentations du monde du point de vue de l’auteur.

A travers l’histoire, on observe que l’intense création artistique de certaines périodes sont nourries par le traumatisme et constituent un immense récit d’histoire et de mémoire collective. La création artistique fait tomber le mutisme, une sorte de reconstruction contre l’oubli dévastateur. Pourtant, Nietzsche soulignait les vertus de l’oubli, montrant que le poids du passé empêche parfois de vivre. Comment la création artistique permet-elle de penser le traumatisme des sujets en situation d’exil résultant de situations extrêmes (guerres etc.) ? Comment la création peut-elle témoigner des vécus individuels et collectifs afin de consigner les récits de vie pour un travail de mémoire ? Comment enfin donner forme à l’inénarrable, à l’impensable de la violence faite aux corps ?

Programme

Rens. : contact@association-pandora.org, www.association-pandora.org