Troubles psychiques des migrants

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Dans son numéro de septembre, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) dresse un bilan très sombre de l’état de santé des migrants, à travers différents éclairages émanant de structures les prenant en charge.
Le Comité pour la santé des exilés (Comede) (Hôpital Bicêtre AP-HP), présente ainsi une recherche sur les liens entre trois phénomènes associés dans l’observation des personnes qu’il accueille : les violences subies par les exilés, leurs conditions de vulnérabilité sociale et les troubles psychiques graves. Les taux de prévalence de ces troubles psychiques graves ont été calculés parmi les 16 095 personnes ayant
effectué un bilan de santé au Comede entre 2007 et 2016. Les résultats portant sur les autres indicateurs (violence, vulnérabilité sociale, symptômes et syndromes) sont issus d’une analyse des consultations médicales et psychologiques de 5 204 patients reçus entre 2012 et 2016.
Les chercheurs pointent une prévalence globale de troubles psychiques graves qui s’élève à 16,6 % dans cette population, plus élevée chez les femmes (23,5 % vs 13,8 % chez les hommes) et les demandeurs d’asile. Constitués pour les deux tiers d’entre eux de syndromes psychotraumatiques et de traumas complexes, ils ont un retentissement important sur la vie des personnes et nécessitent une prise en charge pluridisciplinaire, incluant souvent psychothérapie et recours à l’interprétariat professionnel. Ces troubles sont très liés aux différentes formes de violence ayant motivé ou accompagné l’exil ainsi qu’aux conditions de vulnérabilité sociale que les exilés expérimentent durant les premières années de leur vie en France, les personnes qui ont subi des violences extrêmes étant particulièrement touchées.
Ces résultats conduisent les auteurs à recommander une meilleure prise en compte des questions de santé mentale des exilés et de leur accompagnement social dans les actions de prévention et de soins. « Il est nécessaire d’intégrer les besoins spécifiques de ces personnes tout au long du parcours de soins, depuis le bilan de santé librement consenti jusqu’à la prise en charge pluridisciplinaire. Et ce, sur l’ensemble du territoire, en favorisant notamment le recours à l’interprétariat professionnel et les autres mesures facilitant l’accès aux soins. »

  •  Violence, vulnérabilité sociale et troubles psychiques chez les migrants/exilés. A. Veïsse, L. Wolmark, P. Revault et al. Comede, in BEH, n° 19-20, septembre 2017. Voir http://invs.santepubliquefrance.fr