Dans le trouble bipolaire, évaluer l’humeur et les changements de comportement du patient est un enjeu de soin important, en particulier pour éviter des rechutes. Cette évaluation est généralement réalisée via des entretiens cliniques et la tenue par le patient d’outils de type « agenda de l’humeur ».
Des chercheurs de l’unité Perception et Mémoire de l’Institut Pasteur ont développé le système Toi Même©, doté d’une application mobile pour mesurer les microvariations de l’humeur en temps réel chez un individu, dans une perspective d’évaluation longitudinale de la maladie. L’appli constitue une solution innovante et non invasive de mesure de paramètres pertinents sur les variations comportementales, émotionnelles et cognitives. L’utilisateur complète des tests évaluant son humeur et ses comportements et le système collecte également, grâce aux capteurs d’un smartphone, des informations sur l’activité physique et sociale de l’utilisateur. Toutes ces données sont recueillies en temps réel, transmises, traitées et stockées de manière sécurisée dans le cadre de la recherche biomédicale afin d’identifier les changements.
Commencée en avril, une première étude clinique coordonnée par les psychiatres Aroldo A. Dargél et Pr. Chantal Henry cherche à valider la faisabilité et la pertinence de l’utilisation de cet outil dans la pratique clinique quotidienne. Elle a été mise en place grâce au soutien de la Direction des systèmes d’information (DSI) et du Centre de recherche translationnelle (CRT) à l’Institut Pasteur. L’évaluation répétée en temps réel de multiples paramètres chez des patients souffrant de troubles de l’humeur fournira des mesures objectives qui devraient permettre de préciser les diagnostics, de mieux connaître les facteurs prédictifs de réponses aux traitements et à terme de mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques qui sous-tendent ces troubles. Grâce à une collaboration multidisciplinaire (cliniciens, ingénieurs, bio-informaticiens, épidémiologistes) et aux progrès technologiques, le développement d’algorithmes prédictifs de la nature dynamique de ces troubles pourrait ainsi contribuer à identifier les patients à risque de rechute ou de réponses partielles au traitement. L’utilisation du smartphone et de biocapteurs permettra de mieux comprendre les variations d’humeur et de comportements, et pour les patients, en lien avec leur psychiatre, de devenir plus actif dans leur prise en charge. Premiers résultats attendus fin 2018.
- En savoir plus sur le site de l’Institut Pasteur, www.pasteur.fr. Contact : aroldo.ayub-dargel@pasteur.fr
