Soutenir les « tiers » aux urgences

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Une recherche évalue les effets d’un soutien infirmier aux personnes conduites à demander l’hospitalisation d’un proche en psychiatrie.

Les patients arrivant aux urgences psychiatriques sont généralement accompagnés par leurs proches, qui ont déjà vécu la crise au domicile, dans la rue ou chez le médecin traitant. Lorsque la souffrance psychique est trop présente, que le patient refuse les soins qui pourtant s’imposent, les soignants demandent à ces proches de devenir, en quelques instants, des « tiers », les premiers garants de la mise en place de soins sans consentement.
Articulée autour des soins et de la sécurité du patient en crise, la temporalité des urgences ne permet généralement pas d’accueil dédié formellement aux besoins de ces accompagnants, à la fois spectateurs et acteurs centraux de l’admission. Or nous observons que le vécu difficile des « tiers » à l’initiation de la prise en charge peut impacter l’alliance thérapeutique et l’adhésion aux soins futurs de leur proche
Depuis 2018, l’équipe soignante des services d’urgences psychiatriques du CHU Purpan (Toulouse) a mis en place un dispositif précoce d’accueil et de suivi infirmier « tiers », afin de diminuer leur anxiété réactionnelle, travailler sur leur culpabilité et leur ambivalence, émotions particulièrement aiguës lorsqu’il s’agit d’un primo-requérant.
Afin d’évaluer les effets de cette intervention, une étude avant/après est financé en interne par l’établissement. La prise en charge comporte :
– un entretien précoce dans les 72 heures, pour faire le bilan de la situation de crise, évaluer les ressources du tiers à faire face, proposer des actions et aides ;
– un suivi téléphonique infirmier sur 6 mois, basé sur l’écoute active, la reformulation et l’élaboration de ressources, la présence bienveillante ;
– un groupe de parole de 90 minutes, avec d’autres tiers, conçu comme un espace de communication, d’entraide et d’échanges.
L’hypothèse est que cette intervention améliore le vécu des « tiers » à ce moment critique du premier temps d’hospitalisation sous contrainte, ce qui faciliterait ensuite leur positionnement d’aidant plus avisé et attentif auprès du proche malade.
Les infirmiers à l’initiative du projet ont d’ores et déjà communiqué sur leur protocole de recherche, notamment aux 5es Rencontres de la recherche en soin en psychiatrie en février 2019. 60 personnes ont été incluses en 2018, le programme de recherche interventionnelle prendra fin en 2020.