Santé mentale : quels usages d’Internet ?

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Depuis janvier 2016, grâce au soutien de la Région wallonne (Belgique), le Centre de référence en santé mentale (Cresam) surveille les usages problématiques d’Internet et des jeux vidéo: l’Observatoire «Vies numériques» a ainsi pour objectif «d’apporter un complément d’information à travers un rapport annuel destiné aux acteurs de terrain et aux pouvoirs publics afin de les soutenir dans la construction de leurs actions, tant au niveau préventif que curatif». En 2016 et 2017, ses premiers rapports portaient sur le (cyber)harcèlement, celui de 2018 (paru en novembre) s’intéresse à l’usage d’Internet pour rechercher de l’information en santé mentale, pratique qui est devenu un réflexe pour un nombre croissant d’utilisateurs.
À travers une synthèse non exhaustive de la littérature sur ce phénomène, cette note explore trois questions clés: les fractures numériques et les «littératies» (aptitudes à comprendre et utiliser l’information écrite dans la vie courante) ; l’impact de l’Internet santé sur la relation entre les professionnels et les usagers ; la qualité de l’information en santé mentale disponible sur Internet.
Si l’Internet santé constitue une nouvelle donne sociotechnique importante, les études montrent que sur le fond, il ne révolutionne pas pour autant les repères des utilisateurs: les échanges en face-à-face au sein des réseaux de proximité (famille, amis…) conservent une place centrale et le médecin reste l’interlocuteur de référence. Par ailleurs, une très grande majorité des publications s’appuient sur le modèle médical classique et sur l’expertise des professionnels du secteur. Les messages transmis sur Internet sont rarement dissonants avec d’autres sources d’information plus traditionnelles.
Si ces constats sont «globalement rassurants», cette revue de littérature pointe 4 points de vigilance pour les soignants et formule des recommandations:
– stimuler le dialogue entre professionnel et patient autour d’Internet et ses ressources ;
– soutenir les démarches qui permettent le développement de la «littératie» ;
– stimuler la publication d’informations sur la santé mentale par les professionnels des services publics ;
– informer les patients sur l’utilisation qui est faite de leurs données personnelles dans les sites et forums d’Internet santé ainsi que des modèles économiques liés à ces sites.

  • Internet santé mentale. Note n°3 de l’Observatoire «Vies numériques» du Cresam, P. Minotte, novembre 2018, à télécharger sur http://www.cresam.be