Québec : Les « super infirmières » obtiennent leur autonomie

FacebookTwitterLinkedInEmail

Au Québec, les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) ou "super infirmières" pourront bientôt poser une grande panoplie de diagnostics et débuter un plan de traitement sans l’approbation ou la supervision d’un médecin. Les ISP sont des professionnelles en pratique avancée (*) qui détiennent une maitrise en sciences infirmières et un diplôme de 2e cycle qui comprend notamment 950 heures de stage.

Réticent jusqu’ici, le Collège des médecins a accepté que les infirmières praticiennes spécialisées (IPS)(*) fonctionnent à l’extérieur de la Loi médicale. L’annonce a été faite à l’Assemblée nationale, en compagnie de la ministre de la Santé, Danielle McCann, aux côtés du président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). «Les IPS vont pouvoir diagnostiquer les problèmes de santé courants, des maladies chroniques également», a résumé la ministre McCann au cours d’un point de presse.

« Cette ouverture sans précédent du Collège des médecins permettra d’augmenter l’accès aux soins et services pour la population québécoise. L’OIIQ, par son rôle de protection du public, entend déployer tous les mécanismes requis pour assurer une prestation de soins sécuritaire. Les IPS sont des professionnelles compétentes ayant le souci d’assurer des soins sécuritaires et en collaboration avec les médecins et les autres professionnels de la santé », a affirmé le président de l’OIIQ, Luc Mathieu.

Qualifiant ce développement d’historique, la ministre de la Santé et des Services sociaux a indiqué qu’il s’agissait d’une véritable révolution dans l’accès aux soins et aux services. « Cette annonce nous permet de faire un pas de géant pour la réalisation de nos objectifs communs, lesquels visent essentiellement un meilleur accès aux soins et services, s’est-elle réjouie. À cet égard, la consolidation du rôle des infirmières praticiennes spécialisées est un élément essentiel. Il était grand temps de reconnaître à juste titre leur apport précieux. »

Collaboration interprofessionnelle

La ministre de la Santé et des Services sociaux, madame Danielle McCann, le président du Collège, docteur Mauril Gaudreault, et le président de l’OIIQ, monsieur Luc Mathieu, souhaitent rappeler qu’ils considèrent la collaboration interprofessionnelle comme essentielle à l’amélioration de l’accessibilité aux soins et au maintien de leur qualité. Ils s’engagent tous ensemble afin d’assurer une collaboration optimale entre les médecins et les IPS au bénéfice de la population du Québec.

Source : Communiqué de presse, Ministère de la santé et des srvices sociaux du Québec, 1 mai 2019.
 

(*) La notion de « pratique avancée » (elle donne lieu en France à l’appellation « Infirmière de pratique avancée » – IPA) qui en concordance avec la littérature (Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC), 2006) (2) se subdivise en deux rôles distincts et complémentaires :
– l’Infirmière clinicienne spécialisée (ICLS) oriente ses actions sur des soins spécialisés auprès d’une population cible (plaie et cicatrisation, prise en charge systémique du diabète de l’enfant, programme d’éducation à la santé des patients cardiaques…). Elle est la référente de l’élaboration du plan de soin, et s’assure que ses interventions sont basées sur les derniers résultats de la science. De formation universitaire, elle permet le transfert des connaissances issues des facultés de sciences infirmières vers la pratique clinique tout en formant les infirmières au chevet des patients. Elle est leader dans le développement du rôle autonome infirmier et montre, par ses actions et ses supervisions, la plus-value des soins infirmiers au niveau des patients et plus largement de la communauté.
– le rôle de l’Infirmière praticienne spécialisée (IPS) naît souvent de la pénurie médicale. Il est probable que cette fonction n’aurait pas émergé en France si les déserts médicaux n’avaient pas fait leur apparition. Selon l’AIIC (2006), les IPS prodiguent des soins directs centrés sur la promotion de la santé et le traitement, et prennent en charge des problèmes de santé de la population. Ces infirmières de formation universitaire ont « la capacité de poser des diagnostics, prescrire et interpréter des tests diagnostiques, émettre des ordonnances de certains produits pharmaceutiques (liste nominative) et accomplir certains actes médicaux précis selon des ordonnances de pratiques » (AIIC, 2006). On les nomme classiquement dans la littérature critique les « supers infirmières » parce qu’elles accomplissent des actes médicaux délégués, comme la prescription de certains médicaments. (Extrait de :
Pratique avancée infirmière : les occasions ratées de la profession, Philippe Delmas, Janvier 2019)