Prévenir pour éviter la coercition

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Un questionnaire préventif de gestion de ses émotions par l’usager peut-il avoir un impact sur le taux de mesures de contraintes ?

L'isolement et la contention mécanique ont des conséquences délétères pour l’usager sur le plan physique et psychologique et un impact négatif sur l’adhé-sion thérapeutique (1, 2). De leur côté, les soignants témoignent également de difficultés (3). Diminuer le recours à ces mesures coercitives, qui constituent une réponse aux passages à l’acte violents, passe par la promotion d’organisations innovantes et d’outils de prévention.
Dans ce contexte, une unité d’admission a introduit dans sa pratique les « plans de préventions partagés » (PPP) utilisés depuis de nombreuses années en Amérique du Nord. Ils visent à dégager avec le patient, dans les 48 heures qui suivent son admission, une conduite à tenir lors de futures situations à risque de violence. Lors de l’entretien d’accueil, les soignants utilisent le « questionnaire préventif de la gestion des émotions » (QPGE) (4), qui permet à l’usager de décrire les facteurs favorisant sa détresse, ses comportements lors de ces situations et ses préférences en matière de stratégies pour l’aider à retrouver un contrôle émotionnel.
Cette pratique fera l’objet d’une recherche monocentrique au CH Charles-Perrens de Bordeaux, baptisée Pact. Le cadre conceptuel de cette recherche est le « prendre soin » défini par W. Hesbeen (5) qui consiste à porter une attention particulière à la personne au-delà de l’affection qu’elle présente, pour mettre en place des actions subtiles et adaptées.

L’impact de l’utilisation du QPGE sur les taux d’isolement et de contention sera évalué au cours d’une étude observationnelle qui va comparer deux groupes de 200 patients hospitalisés dans un même pôle, l’un en unité qui a intégré le QPGE à sa pratique usuelle et l’autre non. Le recueil de données sera effectué pendant douze mois. Les résultats de cette étude sont attendus pour 2023. Si le QPGE montre une efficacité sur la diminution du recours à l’isolement et à la contention mécanique, il confortera l’importance d’associer l’usager aux décisions concernant ses soins et pourra ainsi être généralisé à d’autres unités présentant le même profil que les lieux d’étude.
Pact : impact du questionnaire préventif de la gestion des émotions sur les taux de mesures d’isolement et de contention en unité d’admission psychiatrique adulte. Contact : Vincent Billé et Claire Gonsalves, infirmiers, vbille@ch-perrens.fr et cgonsalves@ch-perrens.fr

1– Carré R. Contention physique : revue de la littérature et étude qualitative du vécu des patients [Thèse]. France : Université Toulouse III ; 2014. 234 p. 2– Cano. N et al. L’isolement en psychiatrie : point de vue des patients et perspectives éthiques. L’Encéphale 2011:37:S4-S10. 3– Marangos-Frost S, Wells D. Psychiatric nurses’ thoughts and feelings about restraint use: a decision dilemma. J Adv N. 2000 ;31(2):362-69. 4– Traduction du Coping Agreement Questionnaire, Hellerstein DJ and aL. Assessing Behavorial Preferences of Psychiatric Inpatients : A Pilot Study. Medscpe J Med 2008 ;10(12):271. 5– Hesbeen W. Le caring est-il prendre soin ? Perspective soignante n° 4. 1999. Ed Seli Arslan.