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Un atelier vidéo permet aux patients de « gagner du terrain sur la psychose ».

Pour la quatrième année consécutive, l’équipe mobile du CATTP de réhabilitation Yves-Tanguy (Hôpital Saint-Jean de Dieu, Lyon) propose, dans le cadre d’un processus de rétablissement psychosocial, un atelier vidéo.

Animé par deux soignants, il réunit une fois par semaine durant deux heures un petit groupe de patients souffrant de psychose, avec l’objectif de réaliser un film du
début à la fin : scénario, tournage, montage… et jusqu’à la projection, en novembre 2017, aux Rencontres nationales vidéo en santé mentale (Paris).
Dans les structures de soins, les personnes en souffrances psychiques se plaignent souvent d’être infantilisées par les médias et les supports proposés dans les
groupes thérapeutiques. Avoir un objectif ambitieux, c’est déjà respecter la personne, s’adresser à l’intelligence, la culture et la créativité de chacun. Dans cet
atelier vidéo, il est donc d’emblée question d’estime de soi et de valorisation, et aussi de représentation de l’image de soi. Le fait de prévoir la diffusion du film a par ailleurs un impact direct sur l’engagement, l’implication du participant. Tout se passe comme si le film était alors adressé à un proche, à un membre  de la famille, à un spectateur virtuel occupant une place importante dans l’esprit de chacun. L’atelier vidéo est ainsi propice au dépassement de soi. Si parfois le projet peut alimenter des idées mégalomaniaques (« Je tourne un film, je suis acteur… »), le groupe est vite ramené à la réalité des contraintes inhérentes à l’écriture d’un scénario ou à celles de jouer un rôle. Se mettre d’accord sur un thème, proposer des idées, les mettre en ordre pour raconter une histoire est un travail de mise en cohérence de toutes les discordances, un acte de synthèse de l’hétérogénéité des propositions. Travail cathartique aussi, car à cette occasion, chacun revisite souvent un élément de vie personnel, mis dans le pot commun des idées, élément qui se fond peu à peu dans le récit collectif qui s’écrit. Il en va de même pour le jeu d’acteur : le participant investit un personnage, il en définit les dialogues au cours d’improvisations, il doit trouver les mots… Nul besoin d’exiger d’être à l’heure : le cadre, c’est l’ensemble du groupe qui le porte puisqu’un planning est nécessairement défini pour « boucler le film ». L’atelier offre ainsi une représentation très concrète des règles, qui sont donc facilement acceptées parce que la présence de chacun devient vite indispensable… On mesure à quel point on gagne du terrain sur la psychose…

 Contact : Équipe mobile/CATTP, 04 37 90 12 71, jacques.thibert@wanadoo.fr, mercier.deborah@gmail.com