Les patients psy : un risque d’incarcération majorée

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Les personnes détenues ont une prévalence élevée de troubles mentaux. Dans une recherche, la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale des Hauts-de-France (F2RSM-Psy) s’est intéressée à l’incarcération des personnes suivies en psychiatrie, pour objectiver cette prévalence sous l’angle des parcours de soin. Après une analyse de la littérature et un entretien avec des experts, une étude qualitative et quantitative a été menée. L’exhaustivité du Recueil d’informations médicalisées (RimP) sur les personnes arrivant en détention par les Unités de soins en milieu pénitentiaire (USMP) a été étudiée, en recueillant le point de vue des personnels chargés du codage et en comparant les effectifs qui peuvent être extraits de cette base à ceux produits par l’administration pénitentiaire. Les résultats montrent que 6,3‰ des patients en psychiatrie connaissent une incarcération dans les 12 mois suivant leur première description dans le RimP. La probabilité d’incarcération est ainsi deux fois plus élevée que le taux d’incarcération de la population régionale (3,1‰). Cette probabilité est majorée chez les hommes, les jeunes, les personnes avec des antécédents d’incarcération, de séjour en service de psychiatrie, et chez les patients présentant les diagnostics les plus rencontrés en milieu pénitentiaire (addictions, troubles névrotiques, troubles du comportement), alors que les troubles de l’humeur sont significativement liés à une probabilité d’incarcération plus faible, de même qu’un suivi ambulatoire soutenu. Cette étude ouvre ainsi la perspective de disposer d’un indicateur permanent d’incarcération des patients en psychiatrie et de pouvoir rechercher les facteurs liés à l’entrée en détention, dans l’optique d’une meilleure prévention.