Le savoir expérientiel des médiateurs de santé-pairs a été un atout durant l’épidémie

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Les Médiateurs de santé-pairs (MSP) en activité ont joué un rôle particulier dans les services de santé mentale durant l’épidémie de Covid-19, d’après une enquête du Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS). Les résultats pointent que l’expérience d’avoir antérieurement vécu une situation similaire de confinement, d’avoir connu rejet et stigmatisation, et d’être bien avancé dans un processus de rétablissement, s’est révélé être un atout pour les ces professionnels.

En mars 2020, au début de la pandémie de Covid-19, une soixantaine de personnes exerçaient en France la fonction de Médiateur de Santé-Pair, dans un service de santé mentale. Ces professionnel·les ont des compétences spécifiques liées à des expériences personnelles de troubles psychiques, de vécu d’isolement social et/ou de privation de liberté. Cette enquête nous éclaire sur le rôle qu’il·elle·s ont joué dans les équipes de soins et d’accompagnement, au moment où la santé mentale de toutes et de tous était mise à l’épreuve.

La place des médiateurs de santé pairs dans leurs services durant le confinement a demandé une adaptation réciproque. Ils ont fait preuve d’une implication plus ou moins forte suivant l’impact de la pandémie sur la réorganisation des services.

Les médiateurs ont eu à faire face à des situations à la fois difficiles pour les usagers et pour eux-mêmes, concernant les droits des patients et l’accès aux soins. Ils ont aussi rencontré des situations parfois plus favorables que celles précédant l’épidémie, avec une résilience forte des usagers et du système de soin, les usagers apparaissant parfois mieux préparés que les professionnels à cette situation du fait de leur vécu antérieur.

Jean-Luc Roelandt, directeur du CCOMS, souligne que « cette enquête montre qu’ils ont presque tous déjà été impactés, un jour ou l’autre de leur vie, par des périodes de confinement et d’isolement social, en lien avec des troubles psychiques ou une hospitalisation en psychiatrie, et qu’ils en ont tiré des enseignements qu’ils ont pu mettre à profit lors de cette période de confinement, au travers de leur propre parcours de rétablissement. » L’enquête objective comment, dans ce contexte particulier, les MSP ont mobilisé ces expériences vécues, qui leur ont été utiles pour eux-mêmes, mais aussi pour les usagers et les équipes de soins et d’accompagnement. « Cette enquête illustre également la plus-value et la richesse de la présence des MSP au sein des équipes, et la façon dont ils s’inscrivent en complémentarité des autres professions. Quand il leur en était donné la possibilité durant cette période si spécifique, ils ont pu agir comme de réels leviers de changement », poursuit JL Roelandt. Des résultats qui soulignent ainsi la nécessité de soutenir le déploiement de ces professionnels et de consolider leur statut professionnel insuffisamment affirmé.

Enquête sur la situation professionnelle des Médiateurs de Santé-Pairs lors de l’épidémie de COVID-19 en mars-avril-mai 2020, en savoir plus, voir tous les chiffres sur le site du CCOMS.

A lire aussi : Mettre en œuvre la pair-aidance, Santé mentale, n° 248, mai 2020.