Le CH de Cateau-Cambrésis exemplaire dans la prise en charge des violences conjugales

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En visite aux urgences du CH du Cateau-Cambrésis (Nord), Éric Dupont-Moretti, garde des Sceaux, a salué la qualité de la prise en charge coordonnée des victimes de violences conjugales. Un modèle impliquant soignants, magistrats et forces de l'ordre qu'il souhaiterait généraliser sur tout le territoire.

En déplacement à l’hôpital du Cateau-Cambrésis, le ministre a rencontré les différents acteurs et commenté : « C'est l’ensemble des services de l’État qui travaillent main dans la main pour prendre en charge avec humanité et efficacité les femmes victimes de violences : médecins, magistrats, services sociaux, gendarmerie. Un modèle que je veux généraliser. »

Lors de cette visite, le ministre a notamment rencontré avec le Dr Benjamin Paule, médecin urgentiste, référent pour les violences conjugales dans l'établissement. Le praticien lui a expliqué l'organisation de la prise en charge sanitaire, sociale et psychologique, mise en place selon un protocole interne. Par ailleurs, selon une convention signée entre le CH du Cateau-Cambrésis et le CH de Cambrai et la Préfecture, les forces de l'ordre peuvent se déplacer dans les établissements de santé pour entendre les victimes. Les femmes violentées qui viennent aux urgences peuvent donc désormais déposer plainte directement sur place, après avoir bénéficié des soins médicaux et s'être vu proposer également un accompagnement social et psychologique.

Le passage aux urgences est « un moment qui nous semble propice pour proposer à la victime ce dépôt de plainte-là, car les conjoints n'ont pas encore de contacts avec elle, il n'y a pas cette possible rétractation de la patiente », explique le médecin. Le fait d'informer « précocement l'autorité judiciaire peut aussi permettre au procureur de s'autosaisir et du coup de maintenir quand même les poursuites, même si toutefois la patiente ne donne pas suite de son côté ».

Le Dr Benjamin Paule souligne que le protocole sanitaire interne est issu de son travail de thèse, qui s'est accompagné du déploiement d'un parcours de soins pour les victimes de violences conjugales. « Je n'ai pas "inventé" le protocole, puisque je me suis inspiré de choses existantes ailleurs ; notamment au CHU de Lille ou au CH de Dunkerque, où des personnes ont déjà fait un travail formidable là-bas ». Mais l'une « des difficultés était de créer un protocole pour un "petit" établissement, d'adapter la procédure alors que l'on ne dispose pas des mêmes ressources médicales », explique-t-il. Par exemple, le CH du Cateau-Cambrésis ne dispose pas « d'un psychiatre 24h/24 comme au CHU, d'une cellule d'urgence médico-psychologique, etc.». Le soutien psychologique aux victimes est assuré par une infirmière de psychiatrie de liaison ou des psychologues travaillant au sein du service d'addictologie au CH. Si un avis ou une prise en charge psychiatrique de la victime est requise (par exemple en cas d'idées suicidaires), un psychiatre aux urgences du CH de Cambrai est sollicité et la patiente sera ensuite adressée sur cet établissement.

Prise en charge des victimes de violences conjugales, procédure, CH Le Cateau-Cambrésis, 2020, en pdf.