L’hôpital public en crise : origines et propositions

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L'Académie de médecine rend un rapport sur la crise de l'hôpital public.  A partir de l’audition de trente-deux personnalités du monde de la santé, ce rapport analyse les origines de la crise de l’hôpital public : crise de perte de sens, crise financière, crise managériale et gouvernance, crise structurelle et organisationnelle, crise sociétale et sociale. Il décline ensuite des propositions concernant la gouvernance de l’hôpital, des nouvelles modalités de financement, la réinsertion de l’hôpital dans son environnement, la situation des personnels médicaux et soignants, la participation des patients et des citoyens et la place de l’Université dans l’hôpital.

Les recommandations de l'Académie nationale de médecine :

1- Refonder la gouvernance de l'hôpital 
– renforcer le rôle de la CME redonnant à son président la responsabilité et la signature sur toutes les questions médicales et associer le Doyen ou son représentant à toute décision impactant l'enseignement et la recherche.
– la gouvernance doit être exercée: dans les hôpitaux par un binôme: directeur administratif (ancien directeur général) et directeur médical (ancien président de la CME) avec une équipe administrative; dans les CHU par un triumvirat : directeur administratif (ancien directeur général), directeur médical (ancien président de la CME) et directeur universitaire (doyen de la faculté ou par délégation directeur à la recherche). 
– repenser l'organisation actuelle des pôles au profit de leur pertinence, supprimant les pôles sans cohérence fonctionnelle et affirmant le service comme structure de base de l'hôpital.

2- Changer le mode de financement des hôpitaux 
– revenir à la valeur fondamentale de la médecine: le résultat clinique obtenu par les soins prodigués au malade, passant du volume d'activité au résultat, du quantitatif au qualitatif, des procédures au résultat, d'une vision managériale à une vision médicale.
– répartir les financements entre une subvention de base, une tarification à l'activité et une contribution relative à la qualité.

3- Réinsérer l'hôpital dans son environnement territorial
– réaliser l'intégration des soins de ville, de l'hôpital, du domicile et du social dans un partenariat public-privé au profit du parcours de soins du patient dans une vision régionale, valorisant le GHT et avec le CHU comme tête du réseau.
– identifier clairement les responsabilités politiques et financières, en définissant les rôles respectifs du Ministère de la Santé et de la région privilégiant chaque fois que possible la régionalisation et le territoire de santé concerné.

4- Revaloriser les personnels médicaux et soignants
– réorganiser l'activité des médecins en réduisant le temps consacré aux charges administratives, en privilégiant le temps médical et en modulant leur activité par périodes plus particulièrement dédiées aux soins, à la recherche ou à la formation.
– redonner aux carrières médicales hospitalières et hospitalo-universitaires, aux métiers de soignants leur attractivité.
Concernant les infirmières le rapport pointe que
: " Les salaires des personnels infirmiers restent insuffisants à l’entrée dans la carrière et leur progression est trop faible. Bien que les effectifs infirmiers aient sensiblement cru ces quinze dernières années, les besoins demeurent alors même que l’exercice libéral est très attractif.
Concernant les conditions de travail à l’hôpital, la répartition du temps de travail dans le nycthémère est un point important dans une société où la vie privée est essentielle; une répartition en deux périodes de 12 heures, appréciée dans les services d’urgences ou de réanimation, souvent favorisée par les personnels malgré la fatigue plus importante, pourrait être privilégiée par rapport aux trois périodes classiques de la journée. Une attention particulière doit être portée au métier d’aide-soignant. La perte d’attractivité de ce métier est liée à sa pénibilité, à une rémunération insuffisante, à une reconnaissance et une valorisation insuffisantes".

5- Réaffirmer le rôle des CHU
– soins : contribuer au maintien d'une offre de soins graduée sur le territoire, assurer une médecine de recours et une médecine de proximité, promouvoir et diffuser la médecine prédictive et personnalisée.
– formation : créer des passerelles entre la filière médicale et les autres filières Universitaires, créer de nouvelles formations dans le secteur de la santé. 
– recherche : faciliter et animer la mise en œoeuvre de la Recherche Clinique et participer à l'émergence de pôles d'excellence, à la création de réseaux de Recherche.
– redonner à la convention hospitalo-universitaire tout son rôle: définir les grands axes du partenariat université-hôpital.

 

Rapport : http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2019/02/Rapport-version-19_02_2019.pdf