Suicide : facteurs de risque, évaluation et prévention dans les établissements de santé mentale

FacebookTwitterLinkedInEmail

Cette thèse "Suicides à l’EPSM de Bailleul de 1980 à 2016 : Facteurs de risque, évaluation et prévention du suicide dans les établissements de santé mentale" a été soutenue publiquement le 5 juillet 2018 par Xavier Deracheà l'Université de Lille faculté de médecine Henri Warembourg

Résumé : Le suicide de patients hospitalisés représente environ 5% des suicides et l’incidence du suicide en hôpital psychiatrique est de 250 pour 100 000 admissions. Si l’impact émotionnel est important et peut déstabiliser l’institution, les études restent peu nombreuses et portent sur un petit nombre de cas.

Nous avons conduit une étude rétrospective unicentrique qualitative à partir des dossiers médicaux de patients décédés à l’EPSM de Bailleul par suicide entre 1980 à 2016. Ces dossiers ont été analysés à l’aide d’une grille reprenant les facteurs de risque de suicide connus puis les résultats confrontés à ceux de la littérature scientifique. S’il est impossible de prévenir tous les suicides, l’établissement de santé aura pour mission de prendre toutes les précautions raisonnables pour limiter le risque. La prédictibilité du suicide par l’étude des facteurs de risque est considérée comme faible. L’utilisation des échelles du risque suicidaire pour l’évaluation des patients hospitalisés reste discutée dans la littérature scientifique. La crise suicidaire étant envisagée comme un modèle plurifactoriel il ne s’agit pas d’établir la somme de facteurs de risques mais de penser un modèle intégratif de ces facteurs de risque. De plus, certaines études relèvent des facteurs de risques de suicide spécifiques au patient hospitalisé. La plupart des auteurs promeuvent une évaluation du risque suicidaire à l’admission et répétée à intervalles réguliers.

A l’avenir l’évaluation du risque suicidaire du patient hospitalisé en psychiatrie pourrait s’appuyer sur un modèle d’évaluation incluant des facteurs cliniques, psychologiques, endophénotypiques et neurobiologiques. Une formation régulière des équipes est nécessaire pour améliorer l’évaluation mais aussi le contrôle de l’environnement du patient. Les auteurs dénoncent l’insuffisance d’une fréquence supérieure à 15 minutes pour la surveillance d’un patient identifié avec un risque suicidaire élevé et les études sur l’efficacité et l’impact d’une surveillance continue se développent. Tous les suicides ne pouvant être empêchés, des mesures de postvention pourront être proposées pour limiter le retentissement sur la famille, les patients et les soignants. La littérature invite à multiplier les études pour améliorer la prise en charge des patients suicidaires dans les établissements de santé mentale en s’appuyant sur les études des facteurs de risques, les études de cas et les connaissances extraites des RMM.

Acces Document http://pepite-depot.univ-lille2.fr/nuxeo/site/esupversions/d7b79910-980a-4742-93bf-e509873ca116