Encore vivant

FacebookTwitterLinkedInEmail

Un premier roman puissant, lucide et souvent plein d'humour sur le trouble bipolaire vu de l'intérieur. Alors que tout semble lui réussir, le narrateur est rattrapé par une crise, rechute qu'il n'a pas vu venir. L'occasion de dérouler un récit de vie, une recherche sur soi, sur l'humain, le traitement de la folie… Des pages brûlantes sur la violence de la maladie.

Il se l'était pourtant juré, l'HP, il n'y retournerait jamais. Mais alors qu'il vient de se marier avec une fille de la grande bourgeoisie parisienne et qu'il a trouvé un emploi de journaliste, le narrateur, lors d'une crise maniaco­-dépressive, est délogé d'une statue de Jean Jaurès où il a trouvé refuge et embarqué en hôpital psychiatrique.

À 20 ans, alors qu'il était étudiant, il avait déjà basculé, et été reconnu bipolaire. Passant une nouvelle fois la « barrière des fous », il se retrouve parmi eux, les paranos, les alcooliques, les cassés de la misère sociale, François, James, Matthias, Pounévelle, dont il nous fait des portraits terrifiants et parfois drôles. Tous les jours, son père vient le visiter et l'emmène se promener dans le parc  de l'asile. Ensemble  ils discourent, sur la terre cévenole d'où ils viennent, des châtaigniers et des sangliers, de leurs humbles  ascendants,  paysans  pauvres  et  soldats perdus des guerres du xx• siècle.

Pierre Souchon livre ici un récit autobiographique plein de rage mais aussi d'humour. Il nous plonge au cœur de l'humanité de chacun, et son regard se porte avec la même acuité sur les internés, ses frères dans l'ordre de la nuit, sur le monde paysan en train de mourir ou sur la grande bourgeoisie à laquelle il s'est frotté. Ce sont des pages fortes  sur  la maladie  psychiatrique,  vue de l'intérieur de celui qu'elle déchire. On y découvre une écriture, flamboyante, un sens de la scène et des dialogues, une rage de ton et de regard.

  • Encore vivant. Pierre Souchon. Ed. La Brune au Rouergue, septembre 2017, 288 pages.