Autisme : les psychiatres dénoncent un enjeu politique pour le DPC

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Le Conseil national professionnel de psychiatrie (CNPP), qui regroupe les principaux syndicats et sociétés savantes de la psychiatrie, alerte sur les dernières directives ministérielles en matière de formation professionnelle consacrée à l'autisme. Dans un communiqué, le Dr Maurice Bensoussan, président du CNPP, dénonce le fait que Ségolène Neuville, secrétaire d'Etat chargée du Handicap, arguant qu'une analyse des formations actuellement dispensées montre qu'un tiers d'entre elles seraient en incohérence avec l'état des connaissances, veut restreindre les actions de Développement professionnel continu (DPC) sur le trouble autistique «aux seuls programmes sélectionnés par un jury dans le cadre d'un appel d'offre».

Le CNPP estime qu'il s'agit d'un discrédit sur les professionnels chargés d'élaborer ces programmes de DPC et défend pour sa part la nécessité de formations « ouvertes, diversifiées, issues d'une méthodologie de recherche rigoureuse, définies par des professionnels qualifiés, agréés et demeurant indépendants, et ce quel que soit le domaine des soins psychiques concernés.»

Lire ci-dessous le communiqué du CNPP du 18 juin :

« Un dispositif de référence est fixé par voie législative pour le développement professionnel continu (DPC) des médecins. Il s’applique quelles que soient les spécialités médicales et les pathologies.

Les directives ministérielles énoncées lors du Conseil National de l’Autisme du 16 avril 2015 apparaissent au Conseil National Professionnel de Psychiatrie (CNPP) de nature à remettre en cause les principes de ce dispositif. La secrétaire d’Etat chargée du handicap envisage, dans le cadre des troubles du spectre autistique, de restreindre les possibilités de DPC aux seuls programmes sélectionnés par un jury dans le cadre d’un appel d’offre. Le CNPP, dont la régulation du DPC est une des missions essentielles, tient à alerter sur les risques que constituerait cette voie parallèle de contrôle et de choix. Il convient de préserver de l’immixtion de directives politiques ou d’options idéologiques le champ sensible de la formation à l’élaboration des diagnostics et des thérapeutiques, qui appartient au domaine scientifique.Le CNPP rappelle que le dispositif de DPC, créé depuis fin 2011, associe une Commission Scientifique Indépendante, un Organisme gestionnaire et un Conseil National Professionnel dans chaque spécialité. Ces instances sont chargées de valider les programmes et de donner des orientations. La proposition ministérielle discrédite la compétence des professionnels et des organismes en charge d’élaborer des programmes mais aussi le dispositif construit par voie législative. Il convient aussi de veiller au respect de la liberté académique reconnue aux universitaires, notamment en ce qui concerne le contenu de leur enseignement.

Le CNPP soutient la nécessité de formations ouvertes, diversifiées, issues d’une méthodologie de recherche rigoureuse, définies par des professionnels qualifiés, agréés et demeurant indépendants, et ce quel que soit le domaine des soins psychiques concerné. »