Déconfinement : accompagner les jeunes qui vivent avec une maladie chronique

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Cette fiche de la Haute Autorité de santé (HAS) concerne l’accompagnement des parents, de l’enfant et tout particulièrement de l’adolescent sur les modalités de levée du confinement pour leur permettre d’adapter leur mode de vie et d’envisager sereinement le retour aux activités habituelles grâce à une démarche de décision partagée. Elle décrit:
– comment prévenir l’infection COVID chez les enfants et les adolescents en promouvant une stratégie positive;
– comment s’assurer de la continuité ou la reprise du suivi de la santé et du retour aux activités habituelles de tous les nourrissons, enfants et adolescents dont ceux vivant avec une maladie chronique en recherchant dans les rares cas où cela s’avère nécessaire des précautions additionnelles par rapport à la population générale.

La fiche s’adresse aux médecins généralistes, pédiatres, psychiatres, psychologues, médecins et infirmiers scolaires, sages-femmes, infirmiers masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes, orthoptistes, ergothérapeutes, psychomotriciens, diététiciens, pharmaciens, et aux professionnels du secteur social et médico-social.

Les grandes principes sont les suivants :

Rassurer les parents, les enfants et les adolescents dont ceux vivant avec une maladie chronique lors de la levée du confinement

  • Réponse rapide n°1 : Accompagner les parents, l’enfant et tout particulièrement l’adolescent sur les modalités de levée du confinement, d’adaptation de leur mode de vie grâce à une démarche de décision partagée entre la famille et le médecin ou l’équipe de soins.
    • Rassurer sur le faible risque d’une forme symptomatique ou grave dans la plupart des cas chez les enfants même ceux vivant avec une maladie chronique.
    • Rassurer les parents, les enfants ou les adolescents sur la normalité et la légitimité des réactions de stress immédiates ou plus tardives face à la période de confinement et à celle de levée du confinement. La réversibilité de la situation d’épidémie devrait permettre la mise en œuvre des comportements habituels en particulier le retour à un rapprochement social favorable au développement des enfants et adolescents.
    • Expliquer l’importance de continuer ou reprendre les soins, les rééducations, de retourner dans les lieux d’accueil des très jeunes enfants, en classe, en prenant les précautions raisonnables adaptées à l’âge de l’enfant et à son acceptabilité.
    • Rechercher si besoin un compromis entre une juste protection, la préservation du développement affectif et développemental de l’enfant et de l’adolescent, le retour aux activités habituelles.

Prévenir l’infection COVID chez les enfants et adolescents et protéger l’entourage

  • Réponse rapide n°2 : L’apprentissage des gestes barrière et de l’hygiène des mains est essentielle chez tout enfant quel que soit son âge et chez l’adolescent en promouvant une stratégie positive pour les impliquer en tant que promoteurs/défenseurs de la prévention (protection pour soi-même, en intrafamilial notamment si la famille comprend des personnes, éventuellement à risque de forme grave de COVID-19 (fratrie, femme enceinte, grands-parents).
  • Réponse rapide n°3 : La distanciation physique et l’utilisation du masque doivent s’adapter à l’âge de l’enfant et à son acceptabilité. Le masque est proscrit chez les nourrissons et jeunes enfants. Seuls les adultes s’en occupant portent un masque grand public en tissu. Il n’est pas porté chez les enfants de maternelle et de primaires. Il est préconisé uniquement chez les collégiens, les lycéens. Rappeler tout particulièrement aux adolescents d’éviter les contacts directs entre personnes : poignée de main, accolade, embrassade.
  • Réponse rapide n°4 : La mise en place d’un environnement favorable à la prévention de la propagation du virus au sein des établissements scolaires et spécialisés doit être cohérente avec les mesures de prévention mises en œuvre au domicile des enfants en particulier en cas de gardes alternées ou d’accueil chez les grands-parents (gestes barrière, hygiène des mains, aération des locaux, nettoyage et désinfection des surfaces fréquemment touchées : poignées de porte, téléphones mobiles, claviers d’ordinateur). Au retour d’un établissement scolaire ou spécialisée, d’un lieu de soins, de rééducation, le lavage des mains est impératif.
  • Réponse rapide n°5 : Adapter les mesures de prévention chez certains enfants avec une pathologie chronique avec le médecin traitant, selon les recommandations des sociétés savantes concernées, pour faciliter la reprise des activités habituelles chez ces enfants. Seuls quelques enfants suivis pour des pathologies rares et graves et en situation de grande vulnérabilité en lien avec leur état clinique ou traitements, peuvent nécessiter des précautions particulières voire du maintien des soins, des activités éducatives, d’une scolarité à domicile.
  • Réponse rapide n°6 : S’assurer que l’enfant ou l’adolescent est en bonne santé, et sensibiliser les adultes s’en occupant (parents, professionnels de santé, enseignants) au repérage des symptômes et des signes pouvant être en rapport avec le COVID-19 (altération de l’état général ; diarrhée ; fièvre ; toux ; rhinite, etc.).

S’assurer de la continuité du suivi de la santé de tous les nourrissons, enfants et adolescents et du retour aux activités habituelles

  • Réponse rapide n°7 : Prendre l’initiative de contacter les familles dont les surveillances médicales habituelles notamment dans le cadre des examens médicaux obligatoires ont été interrompues durant la période de confinement avec une attention pour les familles en situations de vulnérabilité psychologique, sociale, financière, de violence ou de maltraitance intrafamiliale.
  • Réponse rapide n°8 : Utiliser le calendrier des examens médicaux obligatoires comme repère pour reprendre le suivi de la santé des enfants. Maintenir l’ensemble des vaccinations obligatoires des nourrissons et compléter les dépistages, rattraper progressivement les vaccinations non faites chez les enfants et les adolescents. Les autres vaccinations recommandées en population générale au-delà de l’âge de 2 ans doivent être poursuivies, en particulier la vaccination de la grippe saisonnière dans les départements et régions d’Outre-mer.
  • Réponse rapide n°9 : Identifier les impacts négatifs du confinement et ceux à prévoir lors de sa levée sur les adaptations du mode de vie (activité physique, alimentation, usage des écrans) et les comportements (réactions excessives face aux mesures d’hygiène et à la distanciation physique, peur de l’autre).  Une prise en charge est nécessaire en particulier chez l’adolescent face à l’expression d’une souffrance liée à la période de confinement puis aux adaptations du mode de vie ; à des problèmes d’ajustement ; un climat de tension familiale ou des situations de violence intrafamiliales ; des troubles phobiques, une anxiété ; des troubles des conduites alimentaires ; l’aggravation d’une obésité.
  • Réponse rapide n°10 : Chez les enfants et adolescents vivant avec une maladie chronique, Il est important de prendre l’initiative de contacter les familles dont les enfants ont des risques élevés de décompensation d’une maladie chronique ou qui sont en situation de rupture du parcours de soins.
    • Ajuster le plan de traitement et de soins à partir de l’évaluation du retentissement du confinement sur le contrôle de la maladie et son autogestion, les courbes staturo-pondérales chez les enfants ou adolescents dépendants de leur entourage familial ou professionnel pour leur alimentation
    • Veiller à la coordination dans l’équipe de soins ou entre professionnels de santé (reprise des soins, des rééducations, des activités éducatives) tout en s’accordant avec l’enfant ou l’adolescent et les parents sur leurs modalités et le suivi.
  • Réponse rapide n°11 : Rassurer les parents et favoriser en partenariat avec eux le retour en classe ou dans les établissements et services médico-sociaux les accueillant auparavant, de tous les enfants et adolescents y compris les plus fragiles et ceux vivant avec une maladie chronique car il est bénéfique à leur santé physique, mentale et leur bien-être.
  • Réponse rapide n°12 : Tout professionnel de santé doit se soucier de la santé des parents et leur conseiller si besoin de consulter leur médecin pour évaluer le retentissement du confinement sur leur santé. Des solutions adaptées à leurs besoins et attentes pourront être recherchées avec eux : soutien psychologique, répit, aide et accompagnement. Les associations d’usagers qui ont élaboré des outils d’aide et d’accompagnement de leurs adhérents peuvent être mobilisées. Une mise en lien avec les services sociaux des communes et les CCAS pour les situations de grande vulnérabilité pourra être réalisée.

Ces réponses rapides sont élaborées sur la base des connaissances disponibles à la date de leur publication, elles sont susceptibles d’évoluer en fonction de nouvelles données.

  • Haute Autorité de la Santé, réponses rapides dans le cadre du Covid-19 concernant l'accompagnement des enfants et adolescents dont ceux vivant avec une maladie chronique lors de la levée du confinement, 20 mai 2020, En savoir plus