Contention : incidences et caractéristiques

FacebookTwitterLinkedInEmail

La Fédération de recherche en psychiatrie et santé mentale d’Occitanie (Ferrepsy) a présenté au dernier Congrès français de psychiatrie les premiers résultats d’une recherche multicentrique sur la contention en psychiatrie intitulée «Incidences et caractéristiques de la contention mécaniques dans 11 établissements de psychiatrie en Occitanie».
Les auteurs ont rappelé le cadre législatif qui vise, depuis janvier 2016, à réduire du recours à l’isolement et à la contention. Cependant, la revue de la littérature scientifique internationale retrouve très peu d’études françaises publiées, ce qui reflète l’absence de données objectives en France sur cette pratique. Dans ce contexte, cette étude prospective descriptive et analytique vient objectiver et évaluer les caractéristiques du recours à la contention. Elle a pris en compte l’incidence de ce recours sur la période du 2 novembre 2016 au 2 novembre 2017, dans onze établissements de santé en psychiatrie de la région (CHU Toulouse, CH Marchant, CH Lavaur, CH Rodez, CH Lannemezan, CH Arrièges-Couserans, CH Montauban, Clinique du Beaupuy, Clinique des Cèdres, CH de Limoux, CH Albi).
Les résultats montrent que l’incidence des patients exposés à la contention mécanique est de 2,5% des patients admis en hospitalisation. Le recours à la contention est significativement plus fréquent dans le service d’urgences psychiatriques avec une incidence à 6,9%. Les durées moyenne et médiane d’exposition sont de 16,5 heures et 5,0 heures. Les patients exposés sont significativement plus jeunes, âgés de 18 à 29 ans, plus souvent de sexe masculin et hospitalisés sans consentement. Ils souffrent plus fréquemment d’un trouble bipolaire, d’un trouble psychotique (schizophrénie, trouble schizotypique, troubles délirants) ou d’un trouble de personnalité.
Les chercheurs ont insisté sur l’aspect «multifactoriel complexe du recours à la contention», tout en rappelant qu’il n’existe pas de preuve de l’efficacité thérapeutique de cette mesure. Ils ont également souligné les effets indésirables potentiellement graves voire létaux (chutes, embolies, pneumopathies…). Il paraît donc nécessaire de poursuivre le suivi quantitatif de cette pratique par un observatoire et de développer des stratégies alternatives: formation du personnel, meilleure implication des usagers et de leur entourage, augmentation du ratio personnel soignant dans les unités…

  • D’après le résumé des auteurs, site de la Ferrepsy: www.ferrepsy.fr. Publication à venir