Aider les femmes usagères de drogues

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La question de l’amélioration du soin et de l’accompagnement des femmes usagères de drogues connaît une attention croissante de la part des pouvoirs publics comme des praticiens mais les données restent parcellaires. Afin de renforcer les connaissances sur ces sujets, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a lancé, début 2018, l’enquête Ad-femina s’adressant, via un questionnaire auto-administré en ligne, aux Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa), Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud), équipes de liaison et de soins en addictologie (Elsa) et différents services hospitaliers. L’ensemble de ces professionnels était invité à décrire les actions développées en direction des publics féminins l’année précédente.
Au total, 80 dispositifs d’accueil étudiés ont reçu 2 643 femmes. Comme la population féminine globale reçue en addictologie, ces usagères sont majoritairement polyconsommatrices, dépendantes, et présentent de nombreuses comorbidités et vulnérabilités au plan sociofamilial, susceptibles de freiner leur demande de soins. Trouver les moyens de les amener vers le soin le plus tôt possible dans des dispositifs spécifiques et les maintenir dans un suivi régulier sont parmi les principaux défis des équipes.
Ad-femina permet de distinguer deux types de dispositifs : les « accueils maternels », orientés vers l’accompagnement de la maternité et l’aide à la parentalité, s’emploient à protéger l’enfant ou le fœtus, et les « accueils femmes » qui priorisent le traitement des vulnérabilités physique, psychologique et social et soutiennent l’engagement dans le soin. Le renforcement de l’estime de soi et la resocialisation sont des objectifs prioritaires communs à ces deux types de dispositifs. En dehors de la prise en charge en addictologie (traitement et réduction des risques et des dommages), plus de 4 dispositifs sur 10 orientent leur action vers l’aide à l’insertion, l’accompagnement socio-administratif et socio-éducatif. Un important travail d’information est déployé auprès de ces femmes mais aussi en direction des réseaux de soins locaux, afin de favoriser la coordination intersecteurs. Pour les auteurs, cet accueil « demeure un terrain d’innovation clinique ».

  • Résultats de l’enquête Ad-Femina, Accueil spécifique des femmes en addictologie, Tendances, n° 130, mars 2019, à télécharger sur www.ofdt.fr