Plusieurs milliers d’hospitalisations annuelles pour troubles mentaux pourraient être évitées grâce à une plus grande exposition à des espaces verts urbains. Les patients qui bénéficient le plus de cet effet bénéfiques sont ceux souffrant de maladies liées à l’usage de substances, de troubles psychotiques et de démence. Telles sont les conclusions des travaux réalisés par une équipe de Monash University (Australie) et présentés dans le numéro spécial climat de la revue scientifique BMJ.
Les objectifs de cette étude étaient d’examiner l’association entre l’exposition à la végétation et les hospitalisations pour troubles mentaux, et estimer ces hospitalisations selon différents scénarios d’intervention en matière de végétalisation locale.
L’étude a analysé les données de 11,4 millions d’hospitalisations pour troubles mentaux provenant de 6 842 sites répartis dans sept pays (Australie, Brésil, Canada, Chili, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud et Thaïlande) entrez 2000 et 2019. Les principaux critères d’évaluation pris en compte étaient : hospitalisations pour toutes causes de troubles mentaux et pour six catégories spécifiques : troubles psychotiques (30,8% des hospitalisations étudiées) , troubles liés à l’usage de substances (24,7%), troubles de l’humeur (11,3%), troubles du comportement (7,4%), démence (3%) et anxiété (2,5%). Conditions météorologiques, polluants atmosphériques, indicateurs socio-économiques, saisonnalité et tendances à long terme ont également été pris en compte. Les modèles ont été stratifiés par sexe, âge, degré d’urbanisation et saison. La végétalisation a été mesurée par l’indice de végétation par différence normalisée (NDVI), un indicateur satellitaire.
Que disent les résultats ? La végétalisation locale est associée à une réduction de 7% des hospitalisations pour tous les troubles mentaux, avec des associations plus fortes pour les troubles liés à la consommation de substances (9%), les troubles psychotiques (7%) et la démence (6%). Toutefois, ces associations variaient selon les pays et les types de troubles. Le Brésil, le Chili et la Thaïlande ont montré des associations protectrices constantes pour la plupart des catégories de troubles, tandis que des associations néfastes modestes ont été observées en Australie et au Canada pour les hospitalisations liées à toutes les causes de troubles mentaux et pour plusieurs catégories de troubles spécifiques.
Selon les estimations des chercheurs, 7 712 hospitalisations annuelles pour troubles mentaux pourraient ainsi être évitées grâce à une plus grande exposition à des espaces verts urbains. L’analyse par scénarios d’intervention sur la verdure en milieu urbain suggère qu’une augmentation de 10 % de la verdure est associée à une réduction des hospitalisations pour troubles mentaux, allant d’environ 1 pour 100 000 en Corée du Sud à environ 1 000 pour 100 000 en Nouvelle-Zélande.
En conclusion, la présence d’espaces verts était statistiquement associée à une diminution du risque d’hospitalisation pour troubles mentaux dans plusieurs pays, notamment en milieu urbain. Cependant, certaines associations négatives ont été observées et les résultats étaient hétérogènes selon les contextes.
• Greenness and hospital admissions for cause specific mental disorders: multicountry time series study. BMJ 2025; 391 doi: https://doi.org/10.1136/bmj-2025-084618 (Published 05 November 2025).










