Inceste : la Ciivise demande plus de moyens pour repérer et agir

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Un an après son appel à témoignages, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences Sexuelles faites aux Enfants (Ciivise) restitue et analyse la parole de plus de 16 000 victimes. En amont des choix budgétaires pour 2023, elle repère 5 mesures d’urgence pour lutter contre ce fléau. Synthèse de la Ciivise.

Le 21 septembre 2021, la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants a lancé son appel à témoignages à destination des femmes et des hommes qui ont été victimes de violences sexuelles dans leur enfance.

Les plateformes téléphoniques confiées au Collectif Féministe Contre le Viol et à SOS Kriz ont, dans les heures suivantes, reçu des centaines d’appels, certains personnes disant « j’ai attendu ce moment toute ma vie ».

En une année, 16 414 témoignages ont été recueillis par téléphone, par écrit, sur le questionnaire en ligne sur le site internet de la commission, en audition à la CIIVISE ou dans les réunions publiques organisées chaque mois dans une ville de France. C’est un mouvement d’une ampleur exceptionnelle qui montre à quel point cet espace était nécessaire : un espace de reconnaissance, de solidarité entre les victimes, et de rencontre avec la société tout entière qui prend conscience de la gravité des violences sexuelles faites aux enfants, par le nombre de victimes et par les conséquences durables des traumatismes qu’elles subissent.

Un an après le lancement de l’appel à témoignages, la CIIVISE se devait de restituer cette parole. L’analyse des questionnaires et des mails nous conduit aujourd’hui à insister sur les souffrances exprimées par les femmes et les hommes qui ont été victimes de violences sexuelles dans leur enfance.

Des souffrances qui s’immiscent dans toutes les sphères de l’existence :
– la santé physique et psychique : douleurs inexpliquées, symptômes du psychotraumatisme (conduites d’évitement, reviviscences), dépression, tentatives de suicide, conduites addictives, troubles alimentaires ;
– Les études et le travail ;
– La vie familiale ;
– La vie affective et sexuelle : impossibilité de nouer une relation épanouissante, absence de sexualité, multiplication des partenaires.

La réalité et la gravité de cette souffrance appelle une prise de conscience collective pour mettre en œuvre les mesures permettant de lutter contre l’impunité des agresseurs, de restaurer les victimes et de prévenir les violences sexuelles afin que les enfants puissent grandir en sécurité.

C’est pourquoi, un an après le lancement de l’appel à témoignages la CIIVISE demande que soient mises en œuvre les préconisations qu’elle a formulées le 31 mars 2022 dans ses conclusions intermédiaires.

Ces 20 préconisations sont articulées sur 4 axes fondamentaux : le repérage, le traitement judiciaire, la réparation incluant le soin, et la prévention. Certaines d’entre elles impliquent l’allocation de moyens financiers supplémentaires. A l’approche des discussions budgétaires pour l’année 2023, la CIIVISE entend insister sur 5 d’entre elles :

– Préconisation 1 : organiser le repérage systématique des violences sexuelles auprès de tous les enfants par tou.te.s les professionnel.le.s.
– Préconisation 3 : créer une cellule de conseil et de soutien pour les professionnel.le.s destinataires de révélations de violences sexuelles de la part d’enfants.
– Préconisation 9 : doter les services de police judiciaire spécialisés dans la cyber-pédocriminalité des moyens humains et matériels nécessaires.
– Préconisation 15 : garantir des soins spécialisés en psychotrauma aux enfants victimes de violences sexuelles et aux adultes qu’ils deviennent.
– Préconisation 20 : organiser une grande campagne nationale sur les violences sexuelles faites aux enfants afin de faire connaître leurs manifestations et leurs conséquences sur les victimes, de faire connaître les recours possibles pour les victimes, de mobiliser les témoins en rappelant que ce sont des actes interdits par la loi et sanctionnés par le Code pénal.

La Ciivise
Instaurée par le Président de la République, Emmanuel Macron, en janvier 2021, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) est présidée par Edouard Durand, juge des enfants et Nathalie Mathieu, directrice générale de l’association Docteurs Bru et composée de vingt-cinq experts de différents horizons (professionnels, victimes et associations de victimes). Sa mission est d'« accompagner un changement de société, pour permettre à la France de s’engager de manière déterminée pour une protection des mineurs, par l’instauration d’une culture de la prévention et de la protection » et de formuler des recommandations pour le repérage, l'accompagnement  et la prise en charge des victimes.  A ce titre, sa priorité est d’organiser le recueil de témoignages de victimes.

« Je parle pour moi et pour protéger les autres enfants », 1 an d’appels à témoignage, Ciivise, septembre 2022, en pdf.

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