Sylvie Legoupi

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Photographe autodidacte, Sylvie Legoupi revendique une approche éthique et militante. Elle porte un regard humain et respectueux sur des lieux de travail, débusquant les épreuves, mais également l’humanité qui résiste, la solidarité. Il s’agit pour cette artiste de valoriser et d’humaniser la vie professionnelle. Sylvie Legoupi a réalisé plusieurs reportages dans des lieux de soin. « L’hôpital est un fantastique laboratoire humain, qui m’a permis de grandir professionnellement en me confrontant aux exigences photographiques du reportage en immersion. (…) Aujourd’hui, ces photos “m’habitent” et je pense souvent aux soignants et aux patients que j’ai photographiés. Ils font partie de moi » (1). À l’hôpital, la photographe utilise la plupart du temps le noir et blanc, « qui élude, gomme l’importance de la technicité et apporte une dimension intemporelle et universelle ».
La série présentée dans le numéro 222 de Santé mentale a été réalisée au Centre psychothérapique de l’Ain, dans l’unité pour adultes Chamoise, en septembre 2017. La photographe s’est immergée dans le service, où sa bienveillance et sa discrétion lui ont permis d’aller et venir en totale liberté. Elle en rapporte un reportage magnifique, émouvant, qui, sans nier la souffrance ni la dureté des lieux, montre toute l’intensité des rapports humains qui s’y déploient. Dans ce lieu où le soin repose sur la rencontre, elle capte les regards complices, contenants, la souffrance et ceux qui soutiennent. Dans les réunions soignantes, ses images éclairent le travail collectif, le partage, l’humour. C’est le quotidien en psychiatrie qui émerge. L’œil de la photographe met ainsi subtilement en lumière ces « petits riens », moments informels, habituellement peu perceptibles, qui constituent l’essence même du soin… Un travail qui rend hommage à la dimension humaine et « affective » du travail en psychiatrie, dans sa juste distance.
1– Propos recueillis par B. Fabregas pour Infirmiers.com, 22 novembre 2012.