10-11-12 mai 2018 - Marseille

Enfermements, Nomadismes (Forcés), et Temporalités

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MARSEILLE 

Séminaire organisé par le Comité Européen du Droit, de l'Ethique et de la Psychiatrie avec la Mission Sans Abri de Médecins du Monde PAC

"Il ne faut jamais désespérer des lucioles" Aimé Cesaire

De Thessalonique à Marseille…
Villes refuge, villes de transit…

L’an dernier, nous avons travaillé autour des espaces – ces territoires contraints – fermés ou mobiles, murs et frontières, déserts et mer, hôpitaux psychiatriques et soins contraints, prisons, – espaces d’enfermement, d’errance, de rétention – qui territorialisent les flux migratoires comme les parcours psychiatriques ou judiciaires.

Nous nous intéresserons, cette année, aux temporalités, que ces territoires – la circulation, ou pas, de l’un à l’autre – instaurent comme modes d’être au temps tout à fait singuliers et différenciés, qui construisent – ou détruisent – notre rapport au monde, à l’humanité.

Car l’espace et le temps sont nos repères anthropologiques fondamentaux.

Le temps est d’abord mouvement, devenir. Parfois, pour chacun d’entre nous – souvent, pour les migrants, les détenus et les psychiatrisés – le mouvement est arrêté, mais le temps ne s’arrête pas pour autant.

Les politiques gouvernementales européennes, l’application des lois, l’appauvrissement humain de la psychiatrie, ne prennent pas en compte les temporalités des projets de vie. Confrontés au précaire, au provisoire, à l’aléatoire, l’éphémère, chacun tente de préserver quelque chose de sa propre temporalité. Dans certains cas extrêmes, par homologie, on pourrait parler de fuite en avant hypomaniaque, de repli mélancolique, de ritualisation obsessionnelle du temps, de dissociation schizo… Leurs ressentis exacerbés peuvent mettre à mal le déroulement évident du passé, présent, futur.
La question de la mémoire et de l’oubli se pose alors de manière particulièrement aiguë. Entre oubli réparateur et oubli-trahison. Entre mémoire vivifiante et mémoire mortifère.

En référence à Georges Didi Huberman, et Patrick Chamoiseau , il nous faut veiller à ne pas confondre « puissance des survivances » et « pouvoir des traditions ». Dans cette douleur des temps suspendus quels qu’ils soient, l’espoir n’est pas de retrouver un passé perdu mais, à partir de lui, de créer du présent, toujours inventer du possible à vivre.

« Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons, pour cela, assumer nous-mêmes la liberté du mouvement, le retrait qui ne soit pas repli, la force diagonale, la faculté de faire apparaître des parcelles d’humanité, le désir indestructible. Nous devons donc nous-mêmes – en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur – devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre. Dire oui dans la nuit traversée, et ne pas se contenter de décrire le non de la lumière qui nous aveugle » (GDH « La survivance des lucioles » p. 133).

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