Substances psychoactives au travail, une question taboue

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Les conduites addictives en milieu professionnel ont suscité des études et des recherches publiées dans les revues scientifiques, en nombre limité pour la France et plus important dans les pays anglo-saxons. Cette revue de la littérature rapporte les résultats d’études récentes sur les consommations, les facteurs organisationnels et les cultures d’entreprise pouvant favoriser ces consommations et leurs conséquences. Réalisé par l’Office français de drogues et des toxicomanies (OFDT) à l’occasion de la Journée nationale de prévention des conduites addictives en milieux professionnels du 22 octobre, cet état des lieux contribue à la réflexion sur les politiques de prévention des conduites addictives en milieu professionnel.
– L’étude permet tout d’abord d’évaluer le niveau de consommation des substances psychoactives (SPA) en milieu professionnel. Les chercheurs pointent que les personnes qui ont un emploi consomment beaucoup moins de SPA que les demandeurs d’emploi (sauf chez les 18-25 ans) et que les consommations diffèrent selon les professions, les catégories sociales (artisans, commerçants et chefs d’entreprise se classent parmi les plus consommateurs) et les secteurs d’activité (en « tête » de la construction, des arts et spectacles, de l’hébergement-restauration).
– Sur le rôle des conditions de travail, « les horaires irréguliers ou décalés, le stress, la pénibilité du travail, le harcèlement ou l’intimidation, l’insécurité d’emploi, l’absence de reconnaissance du travail accompli sont, sans surprises, autant de conditions favorisant le plus souvent la consommation de SPA ». D’autres études suggèrent que la consommation de SPA joue un rôle dans la socialisation et l’intégration dans la communauté de travail et constitue ainsi un élément de la « culture d’entreprise ».
– Enfin, sur les conséquences, les études ne permettent pas de dégager une fraction d’accidents du travail imputable à ces consommations de SPA. Le coût de l’absentéisme est chiffré à plusieurs milliards aux États-Unis et en Australie.
Selon les professionnels, prévenir la consommation de SPA sur les lieux de travail est une priorité, mais cette question demeure encore taboue.

  • Synthèse de la revue de littérature sur la consommation de substances psychoactives en milieu professionnel, C. Palle, Note 2015-05, octobre 2015, www.ofdt.fr