Sexualité du sujet âgé en institution : quelle prise en charge ?

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En institution, la perception de la sexualité des aînées par les soignants reste stéréotypée. Lorsqu’une activité sexuelle perdure, elle est souvent jugée « anormale », « inappropriée » et qualifiée parfois rapidement de trouble d’ « hypersexualité ». Dans ce contexte, quelle prise en charge proposer ? Le Dr Stiliani Dolianiti, praticien au GHR Mulhouse Sud-Alsace, présente les résultats d'une recherche sur les représentations des soignants et les perspectives qui en découlent.

En institutions pour personnes âgées, ces comportements sexuels inappropriés peuvent se traduire par des attouchements, la masturbation en public, le flirt disproportionné, l’exhibition, les rapports sexuels (ou tentatives) sans l’accord du partenaire…(1)  Une enquête descriptive sur leurs vécus a été réalisée auprès des soignants de 9 institutions du Haut Rhin (2). Cette étude montre que les aidants restent souvent démunis face à des comportements à caractère sexuel intrusif. Il ressort que le terme « hypersexualité » est encore mal compris et mal utilisé concernant le sujet âgé. Cependant les soignants évoquent plus librement sur ce sujet en réunions de synthèse quand ils possèdent une expérience en gériatrie d’au moins 5 ans et lorsqu’ils sont informés de l’existence d’une pathologie sous-jacente (neurodégénérative ou psychiatrique).

Une évaluation de type « Nosger » (Nurse’s Observation Scale for Geriatric Patients) (3) pourrait donc être transposée pour ces troubles du comportement de désinhibition sexuelle et réalisée par les soignants, afin de compléter leurs observations et de dégager une conduite à tenir. Elle permettrait de  repérer des comportements sexuels ambigüs ou inappropiés, des éléments psychotiques, des troubles de la mémoire, des troubles de l’humeur, des troubles anxieux, de l’agressivité. 

Cette évaluation éviterait ainsi de « pénaliser » la sexualité du sujet âgé. Rappelons que la thérapie médicamenteuse, reste le dernier recours à cette problématique, surtout à cause de risque accru d’iatrogénie.



1– Voire classification de Zeiss AM, Davies HD, Tinklenberg JR. An observational study of sexual behavior in demented male patients. J Gerontol A Biol Sci Med Sci. Nov1996; 51(6):M325-329). 

2– La prise en charge du comportement sexuel inapproprié du sujet âgé en institution,  S. Dolianiti, La Revue francophone de gériatrie et de gérontologie, Nov/dec 2015, n°219/220.

3– L’échelle NOSGER (Nurse’s Observation Scale for GEriatric Patients) est un outil d’évaluation développé en Suisse et traduit dans plusieurs langues. Il ne s’agit pas uniquement d’un outil médical mais aussi soignant, validé par et pour les infirmières travaillant au chevet d’une personne âgée. Cette grille d’évaluation indirecte est remplie par interrogatoire de la personne prenant en charge le malade. Voir : Peix R. et al –  « Le Nosger au plan de soins : outil d’aide au diagnostic. ». La Revue francophone de gériatrie et de gérontologie, 2006,127, p 357-361.