Schizophrénie : un patient sur 5 déclare une douleur chronique modérée à sévère

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Un patient sur 5 souffrant de schizophrénie témoigne de niveaux modérés à sévères de douleur physique chronique, selon une étude incluant 468 patients du réseau des centres experts schizophrénie portés par la fondation FondaMental.

L’étude « Self-reported pain in patients with schizophrenia » à laquelle ont participé le Dr Guillaume Fond et le Pr Laurent Boyer (service d’information médicale AP-HM), le Dr Catherine Faget et le Pr Christophe Lançon (pôle psychiatrie Conception), vient d’être publiée dans la revue Progress in Neuropsychopharmacology & Biological Psychiatry.

« Alors que l'on pensait jusque-là que ces patients étaient moins douloureux que les autres patients psychiatriques, l’étude révèle que cette fréquence élevée est associée à des niveaux plus élevés de migraine, d'anxiété, de dépression et de traumatismes dans l'enfance, ce qui ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques », résume le Dr Guillaume FOND.

Plusieurs études ont suggéré que les patients souffrant de schizophrénie avaient des seuils de douleur augmentés, les rendant plus insensibles à la douleur physique. Des explications neurobiologiques avaient été évoquées pour expliquer ce phénomène. L'objectif du présent article était d'explorer la proportion de patients avec schizophrénie stabilisée se plaignant de douleurs physiques modérées à sévères, ainsi que les facteurs associés. 

468 patients stabilisés consultant dans les 10 centres experts schizophrénie, âgés en moyenne de 32 ans, ont été inclus dans l'étude. 22% ont rapporté des douleurs modérées à sévères. Cette douleur était associée de façon indépendante à la migraine, à l'anxiété, à la dépression, un âge plus élevé et aux traumatismes dans l'enfance, après avoir pris en compte le sexe, les caractéristiques de la schizophrénie (symptômes, âge de début…) et les traitements psychotropes.

Ces résultats suggèrent donc qu'un patient schizophrène sur 5 consultant au centre expert rapporte des douleurs physiques modérées à sévères. Cette douleur devrait être systématiquement évaluée et traitée. Le traitement de la migraine, de troubles anxieux et dépressifs pourrait être une stratégie pour améliorer la prise en charge de la douleur chez ces patients