Santé mentale et addictions chez les SDF d’Ile-de-France

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PRÉCARITÉ. La santé mentale des personnes sans logement personnel d’Île-de-France s’est fortement dégradée.

Cette enquête, réalisée sous la direction de l’Observatoire du Samu social de Paris, s’intéresse aux prévalences des troubles psychiatriques et des addictions chez les personnes sans logement personnel et a pour objectif l’amélioration de leur prise en charge médicale et sociale. La population adulte francophone sans logement personnel fréquentant les services d’aide a ainsi pu être évaluée à environ 20000 personnes. L’hétérogénéité des parcours de vie et des traits sociodémographiques est à souligner. Comme lors des études précédentes, on constate qu’un tiers travaillent, essentiellement comme employé ou ouvrier, et que parmi eux, un tiers ont un CDI (contrat à durée indéterminée). En revanche, les conditions de logement et d’hébergement se dégradent (augmentation de 11 % contre 5 % en 2001 des personnes ayant dormi le plus souvent dehors durant les douze derniers mois).
L’état de santé. On constate une dégradation de l’état de santé ressenti entre 2001 et 2009 et une place plus importante de la maladie psychique, qui arrive en 4e position en 2009 (10e en 2001). Une personne sur dix, (comme en 2001) n’a pas de couverture maladie (10 fois plus que dans la population générale). Un tiers de cette population souffrent de troubles psychiatriques sévères (troubles psychotiques, de l’humeur – dépression sévère essentiellement – et anxieux). Les troubles psychotiques, majoritairement des schizophrénies, représentent la pathologie la plus grave et la plus fréquente. Les troubles dépressifs sévères sont comparables à ceux de la population générale. En revanche, le risque suicidaire est plus élévé, tout comme les troubles de la personnalité et du comportement. La majorité des personnes qui ont eu recours aux soins psychiatriques n’est plus suivie, ce qui souligne la difficulté du maintien des soins.
L’addiction. La dépendance ou la consommation de subtances psychoactives (alcool, drogues illicites/et ou médicaments détournés de leur usage) concernent plus de trois personnes sur dix. Il faut toutefois souligner que la proportion de personnes non consommatrices d’alcool est plus élevée que dans la populaiton générale (un tiers des femmes et un homme sur dix déclarent n’avoir jamais bu d’alcool de leur vie). Peu d’usagers de drogue à forte consommation, mais la consommation régulière d’au moins un produit (le plus souvent le cannabis) concerne près d’une personne sur cinq.
La violence. Les personnes en grande précarité ont subi et subissent plus de violences (physiques, psychiques ou morales, sexuelles) que la population générale, et plus encore les personnes atteintes de troubles mentaux sévères. Cependant, la maladie mentale et les addictions ne touchent pas l’ensemble de la population des personnes sans logement personnel, qu’il ne faut donc pas assimiler trop facilement à la figure du «malade mental» ou de «l’alcoolique».

La santé mentale et les addictions chez les personnes sans logement personnel d’Île-de-France, sous la direction d’Anne Laporte (Observatoire du Samu social de Paris) et de Pierre Chauvin (Inserm). Rapport final, premiers résultats, janvier 2010.