La mission d’information du Sénat sur la psychiatrie des mineurs émet 52 propositions

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Une mission d’information du Sénat avance cinquante-deux propositions « réalistes » pour faire évoluer la pédopsychiatrie.

Créée le 16 novembre 2016 à l’initiative du groupe Rassemblement démocratique et social européen (RDSE) du Sénat, la mission d'information sur la psychiatrie de mineurs a réalisé 26 auditions et deux visites (l’une à la clinique Lautréamont dans le Nord et la seconde à l’association Serena qui gère différents établissements en Provence-Alpes-Côte-d’Azur). En présentant ses conclusions à la presse, le rapporteur Michel Amiel a souligné combien la situation était préoccupante, pour des raisons « liées aux difficultés de système de santé global », d’une part, et à une augmentation des besoins, d'autre part. Un aspect expliqué par l'accroissement de la précarité, mais aussi une demande sociale plus importante devant des troubles aujourd’hui considérés comme relevant de la psychiatrie. S’il s’agit bien de « sauver la pédopsychiatrie », pour autant la mission n’a pas voulu reprendre dans son rapport l’expression du Pr David Cohen, chef du département de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à la Pitié-Salpêtrière à Paris, qui a évoqué lors de son audition « une véritable situation de tiers-monde ». La mission juge la situation « préoccupante » mais diversifiée et hétérogéne. Sans « promettre le grand soir », ces propositions, qui se veulent « réalistes », relèvent « surtout de l’organisation ».

Les propositions se déclinent autour des trois grands objectifs : mobiliser l’ensemble des acteurs pour assurer une prévention et un repérage précoces, permettre la continuité des soins dans la prise en charge, et renforcer le pilotage et la reconnaissance de la psychiatrie des mineurs et des disciplines associées.

– Selon le sénateur, dans ce contexte où les nécessités sont multiples, les mesures concernant la formation sont prioritaires car elles constituent un préalable pour répercuter des améliorations sur l’ensemble des soins. Sur ce point, et dans le cadre de la réforme en cours du troisième cycle des études de médecine, la mission « envisage dès à présent la mise en place d’un co-DES (diplôme d’études spécialisées) de psychiatrie des adultes et de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, avec une régulation du nombre d’internes dans chacune des branches » pour augmenter le nombre de spécialistes et prévoir au moins un poste de professeur de pédopsychiatrie par université. Il s’agit également de « mettre en place une formation de niveau master en psychiatrie pour les infirmiers » et de « renforcer la formation initiale et continue des enseignants en psychologie de l’adolescent ».

– Par ailleurs, les diagnostics doivent être plus précoces et efficaces, via entre autres « la diffusion des outils de repérage auprès de professionnels de première ligne », et leur articulation effective avec une prise en charge rapide doit être soutenue.

– Concernant les prises en charge, la mission pointe le besoin de « recréer des lits » dédiés, et notamment aux urgences (10 départements ne disposent d’aucun lit d’hospitalisation). Des pédopsychiatres devraient être présents aux urgences générales. Il serait souhaitable également d’« identifier et mettre en place un panier de soins et de services homogènes » dans chaque département.

– Développer la recherche est aussi nécessaire (en particulier en épidémiologie), ce qui passerait par un accroissement des moyens de la recherche médicale et le développement de la recherche paramédicale en pédopsychiatrie.

– Enfin, plusieurs mesures visent à renforcer la gouvernance et la reconnaissance de la discipline, parmi lesquelles on peut retenir celle de « sanctuariser le financement des activités de psychiatrie dans les Groupements hospitaliers de territoire (GHT) » et de faire évoluer les modes de financements des établissements. La mission veut « utiliser l’expertise de la Haute Autorité de santé (HAS) » pour proposer une meilleure organisation des parcours de soins.

  • Voté à l'unanimité le 4 avril par la Commission des Affaires sociales du Sénat, le rapport complet est disponible sur le site du Sénat. Une synthèse présentant les axes et listant les propositions est en ligne. Les vidéos des auditions sont également consultables.