Problème de santé mentale à l’adolescence : la prévention est possible

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Des séances de groupe en milieu de scolaire parviennent à prévenir des problèmes de santé mentale chez les adolescents. C’est ce qu’a montré une étude menée par l’Université de Montréal et son Centre de recherche affilié du CHU Sainte-Justine.

« Près d’un Américain sur quatre entre 8 et 15 ans a éprouvé un trouble de santé mentale au cours de la dernière année. Nous savons que ces troubles sont associés à une multitude de conséquences néfastes, explique P. Conrod. Notre étude indique que les interventions menées par des enseignants qui ciblent des facteurs de risque de problèmes mentaux peuvent être extrêmement efficaces pour réduire l’incidence de la dépression, de l’anxiété et des problèmes de comportement à long terme.»

Dans le cadre de cette recherche, l’incidence des problèmes de santé mentale chez 509 jeunes Britanniques a été réduite de 25 à 33 % sur une période de 24 mois à la suite de deux séances de groupe de 90 minutes. Dix-neuf écoles du Grand-Londres ont participé à l’étude. Les risques des élèves de développer un problème de santé mentale ou de toxicomanie ont été évalués à l’aide d’une échelle de personnalité qui mesure les différents facteurs reconnus pour avoir un lien étroit avec les problèmes de comportement. Une personnalité plus impulsive est par exemple cinq fois plus susceptible de développer des problèmes importants de comportement au cours des 18 prochains mois. Les chercheurs se sont concentrés sur l’impulsivité, le désespoir, la sensibilité à l’anxiété, et la recherche de sensations fortes. Les écoles qui faisaient partie du groupe d’intervention ont bénéficié d’une formation pour intervenir auprès des élèves à risque, alors que le groupe d’écoles « contrôles » ne l’était pas. Les deux séances d’intervention comprenaient des stratégies de thérapies cognitivo-comportementales pour apprendre aux jeunes à gérer leur propre profil de personnalité. Durant les interventions, les jeunes ciblés discutent de scènes de vie réelles vécues par d’autres adolescents. Les membres des groupes partageaient leurs pensées, leurs émotions et leurs comportements selon leur type de personnalité. En collaboration avec des intervenants scolaires, les jeunes apprenaient à identifier les facteurs déclencheurs de ces émotions par exemple et exploraient des façons de gérer ces problèmes.

Dans les deux années qui ont suivi les interventions, les élèves ont rempli un questionnaire tous les six mois qui ont permis aux chercheurs de déterminer l’évolution des problèmes de dépression, d’anxiété, de comportement, des crises de panique et des pensées suicidaires. Les effets ont été très importants sur le plan clinique, avec une réduction de 21 à 26 % des symptômes de dépression, d’anxiété et de problèmes de comportement au cours de l’essai. Les chances d’éprouver de graves problèmes de comportement chez les adolescents avec un niveau élevé sur l’échelle d’impulsivité ont été réduites de 36 %. De même, chez les adolescents avec un niveau élevé sur l’échelle de sensibilité à l’anxiété, les chances d’éprouver de graves problèmes d’anxiété ont été réduites de 33 %. On a constaté une baisse semblable des symptômes de dépression grave chez les adolescents avec un niveau élevé sur l’échelle du désespoir comparativement aux jeunes avec le même problème, mais qui n’avaient subi aucune intervention. « Les interventions ont été réalisées par des pédagogues professionnels et on constate que cette brève intervention peut être aussi efficace que durable lorsqu’elle se déroule dans le système scolaire, explique le Dr Conrod. Nous avons maintenant entrepris une étude similaire dans 32 écoles secondaires à Montréal pour évaluer davantage l’efficacité de ce type de programme.»

D’après le communiqué de l’Université de Montréal, onglet Recherche, sciences de la santé

Two-Year Impact of Personality-Targeted, Teacher-Delivered Interventions on Youth Internalizing and Externalizing Problems: A Cluster-Randomized Trial ; Maeve O’Leary-Barrett, B.A. ; Lauren Topper, Ph.D. ; Nadia Al-Khudhairy, M.Sc. ; Robert O. Pihl, Ph.D. ; Natalie Castellanos-Ryan, Ph.D. ; Clare J. Mackie, Ph.D. ; Patricia J. Conrod, Ph.D., C.Psychol. Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, Volume 52, Issue 9 , Pages 911-920, September 2013. www.jaacap.com/article/S0890-8567%2813%2900378-X/abstract