« Aller vers » des locataires en difficultés psychosociales

FacebookTwitterLinkedInEmail

À Paris, une équipe dédiée intervient auprès de personnes en difficultés psychosociales signalées par les bailleurs sociaux.

Depuis 12 ans, Mme D., 66 ans, retraitée, vit seule à Paris dans un F3. Elle est locataire d’un bailleur public. Relativement autonome, elle se plaint de façon récurrente de ses voisins, qu’elle accuse d’effractions, de vols et de détérioration de ses biens. En témoignage de cette « persécution », elle envoie des chaussures trouées et des sous-vêtements souillés au bailleur… Pour se protéger, Mme D. ferme chacune des portes de son appartement avec un cadenas. Elle a installé une caméra (non branchée) dans son entrée. Pour échapper à cette tension insupportable, Mme D. dort dans un centre d’accueil pour SDF…
A ce stade, la conseillère sociale du bailleur prend contact avec l’équipe dédiée bailleur social/psychiatrie (ED), composée d’un psychiatre, d’un infirmier, d’une assistante sociale, d’une chargée de mission. Ce dispositif est issu d’une réflexion menée par le Conseil local de santé mentale (CLSM) du 20e arrondissement de Paris, avec les différents acteurs locaux du logement social et de la psychiatrie (1). Il s’agit d’« aller vers » les locataires en difficultés psychosociales, pour évaluer leur situation et leur permettre, le cas échéant, d’accéder aux soins psychiatriques. Il s’agit aussi de prévenir les expulsions et de favoriser un climat plus apaisé au sein des résidences.
Les signalements des locataires en difficultés sont adressés à l’ED par les conseillères sociales des bailleurs après repérage de signaux dits faibles (volets fermés, propos et comportements incohérents, ne sort plus, troubles sonores, troubles olfactifs, agressions, impayés…). L’ED prend contact par le biais du bailleur. Dès la première rencontre, il s’agit de créer un lien et une alliance thérapeutique, par divers moyens (accompagnement chez le médecin traitant, aide à la constitution de dossiers sociaux, aide technique comme changer une ampoule…). L’intervention limitée à l’arrondissement favorise la création de réseau avec les partenaires de proximité.
Avec Mme D., une relation de confiance s’établit. Au bout de 5 mois, elle accepte de consulter au Centre médico-psychologique (CMP). Un projet de soin et de vie s’amorce…
84 situations ont ainsi été signalées depuis février 2017. Une recherche est associée à ce dispositif.
1 – À savoir l’AORIF (Association régionale HLM Ile-de-France), les bailleurs sociaux, l’EPS Maison Blanche, les services sociaux et associations de l’arrondissement.