Hospitalisation au long court en psychiatrie : une forte variabilité territoriale

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Les hospitalisations au long cours en psychiatrie – d’un an ou plus, en continu ou non, et associées à une présence en hospitalisation l’année précédente – ont concerné près de 12 700 patients en 2011 dont plus de la moitié souffre de troubles schizophréniques. Si ce poids est faible dans la file active (0,8 % des patients pris en charge en établissements de santé), il représente en revanche un quart des journées d’hospitalisation et un quart des lits. Or, l’indication thérapeutique ne l’impose pas toujours. Dans un contexte de réduction des capacités d’hospitalisation, de réduction des durées moyenne de séjour et de développement des soins ambulatoires en psychiatrie, le maintien prolongé à l’hôpital interroge.
Une étude de Magali Coldefy et Clément Nestrigue, chercheurs à l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), examine le profil de ces patients à partir du Recueil d’informations médicalisées en psychiatrie (Rim-P) et de plusieurs bases de données médico-administratives. Leurs travaux permettent déjà de décrire cette population, mal connue, que l’on peut diviser en trois principaux groupes selon leur dépendance et leur pathologie. Les chercheurs notent surtout une forte variabilité du recours à l’hospitalisation au long cours à l’échelle des territoires de santé, fortement influencée par l’offre de soins. « Plus les capacités d’hospitalisation sont importantes sur un territoire, plus le recours aux hospitalisations au long cours est important. Par contre, des ressources médicales plus importantes au sein des établissements réduisent ce recours. De même, l’existence d’une offre médico-sociale sur le territoire tend à réduire ce recours, mais son effet est plus limité, voire contrasté. Enfin, plus que la quantité d’offre médico-sociale, ce sont les coordinations existant entre acteurs sanitaires et médico-sociaux qui agissent pour réduire le recours aux hospitalisations de longue durée », souligne M.Coldefy, qui envisage d’approfondir ces premiers résultats en abordant plus précisément l’impact des caractéristiques socio-économiques des patients sur les hospitalisations au long cours et en examinant plus finement le devenir et le renouvellement de ces patients sur une longue durée.

  •  L’hospitalisation au long cours en psychiatrie : analyse et déterminants de la variabilité territoriale. M. Coldefy, C.Nestrigue. Questions d’économie de la santé, Irdes, n° 202, octobre 2014, à télécharger sur www.irdes.fr