Décès de Michel Jouvet, père du sommeil paradoxal

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Michel Jouvet, découvreur du sommeil paradoxal, est mort le 3 octobre 2017 à l'âge de 91 ans à Villeurbanne. Sa découverte en 1959 du « sommeil paradoxal », sorte de troisième état du cerveau, avait ouvert la porte sur un domaine entièrement nouveau puisque, auparavant, seuls deux états étaient censés exister, le sommeil et l'éveil

Michel Jouvet a consacré ses recherches à l’étude des structures et des mécanismes du cycle éveil – sommeil – rêve (ou sommeil paradoxal). Il est considéré comme l'un des pionniers de l'hypnologie.

Ce neurobiologiste est à l’origine de la découverte du sommeil paradoxal. Cet état, caractérisé par une atonie musculaire totale et des ondes cérébrales (activité PGO) proches de celles de l’éveil, est, selon lui, le support biologique du rêve. Il s’agirait d’un troisième état du cerveau, aussi différent du sommeil que celui-ci l’est de l’éveil.

En 1959, Michel Jouvet décrit les signes électroencéphalographiques de la mort cérébrale. La même année, il découvre le sommeil paradoxal chez le chat et démontre que cet état dépend du tronc cérébral inférieur.

En 1961, il établit la classification du sommeil en ses différents stades : télencéphalique (sommeil lent, en raison des ondes lentes qui l'accompagnent sur les tracés d'électroencéphalographie) et rhombencéphalique (sommeil paradoxal, durant lequel sont enregistrés des mouvements oculaires rapides, d'où son nom en anglais de REM-sleep, REM pour rapid eye movements).

Il découvre ensuite l’évolution ontogénétique du sommeil paradoxal, en démontrant l’existence du sommeil paradoxal chez des animaux nouveau-nés et chez des fœtus in utero. Il décrit certaines caractéristiques de l’évolution phylogénétique de ce type de sommeil, en particulier la présence de cet état chez tous les mammifères et les oiseaux et l’absence du sommeil paradoxal chez les reptiles et les poissons.

Par l’étude pharmacologique de sommeil paradoxal, il démontre la possibilité de supprimer sélectivement celui-ci, sans pour autant supprimer le sommeil. L’électrophysiologie lui permet, en outre, de mettre en évidence l’organisation des différents systèmes entrant en jeu au cours du sommeil paradoxal.

S’en suivront la découverte des comportements oniriques survenant au cours du sommeil paradoxal chez le chat et la détermination du système ponto-géniculo-occipital (PGO) et de ses voies ascendantes.

Michel Jouvet établit alors la théorie sérotoninergique du sommeil. Cette théorie a connu une évolution récente, la sérotonine n’étant plus considérée comme le neurotransmetteur hypogène, mais comme une neuro-hormone entraînant la synthèse d’un facteur responsable du sommeil.

Il est à l’origine de la découverte de la mort cérébrale chez l’homme.

Parallèlement à l’approche expérimentale chez l’animal, Michel Jouvet développe des recherches cliniques. Il découvre, en particulier, les propriétés “éveillantes” d’une molécule (le modafinil), qui reste aujourd’hui la plus efficace pour traiter l'hypersomnie et la narcolepsie, deux pathologies du sommeil très invalidantes.

Enfin, Michel Jouvet a mené des recherches la mort subite du nourrisson, qui ont permis de déceler un nombre non négligeable de narcolepsies chez des enfants de six à huit ans.

Source : Inserm