Autisme : les adultes souffrant de TED sous-diagnostiqués

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Les adultes touchés par les Troubles envahissants du développement (TED) ou Troubles du spectre autistique (TSA) constituent une population mal connue ; ils ne sont plus décrits dans les services de psychiatrie et semblent surtout pris en charge dans les établissements et services médico-sociaux, alors que leur nombre est totalement inconnu. Tels sont les constats dressés par la Fédération de recherche en santé mentale du Nord-Pas de Calais qui publie les résultats d'une recherche sur cette difficulté de recenser avec exhaustivité les adultes souffrant de TED ou TSA.

Cette enquête exploratoire a été menée dans deux établissements publics de santé gérant quatre services de psychiatrie adulte pour apprécier le nombre de patients concernés par ces troubles pris en charge. Elle a consisté en une étude de dossiers et recherche de termes évocateurs d’un TED. La méthode et les résultats de cette enquête, menée par Alice Vinçon-Leite durant son stage interné à la F2RSM, sont publiés dans PsyBrèves.

L'enquête révèle qu'un dossier sur dix contenait une notion évocatrice de ce type de trouble, dont un sur quarante une notion fortement évocatrice d’un TED. Elle met donc en évidence un nombre d’adultes hospitalisés avec une notion de TED supérieur aux estimations du RimP (Recueil d'informations médicalisé en psychiatrie) pour le Nord-Pas-de-Calais en 2013, pour lequel les adultes avec TED représentaient 0,35% de la file active psychiatrique adulte. Même s'il faut relativiser les résultats de cette exploration sur deux mois, le RimP semble donc trop peu sensible pour être employé dans l’étude de l’autisme. Les chercheurs émettent donc l’hypothèse d’« un sous-repérage des adultes souffrant potentiellement de TED.»

La recherche relève également que  « le retard mental semble rendre plus difficile le diagnostic de TED par les psychiatres d’adultes. Ce retard mental pourrait cacher dans bien des cas des pathologies du registre de l’autisme. » Par ailleurs, l’évolution des classifications et des connaissances scientifiques sur l’autisme est à prendre en compte dans les pratiques diagnostiques. En effet, l’autisme a fait l’objet d’un changement de paradigme avec le passage de la notion de psychose à celle de troubles du neuro-développement, changement qui transparaît dans l’évolution des classifications nosographiques.

Cette étude ouvre donc des pistes de réflexion sur les diagnostics, les représentations de l’autisme et, par conséquent, sur les projets thérapeutiques élaborés pour les patients.